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85. — Certain père[1] racontait que trois choses sont précieuses aux moines et qu’il nous faut les poursuivre avec crainte, tremblement et allégresse spirituelle, à savoir : la participation aux saints mystères, la table des frères et le lavement des pieds. Il en apportait la démonstration suivante et disait : Il y avait un illustre vieillard doué de visions, il se trouva avec plusieurs frères et, pendant qu’ils mangeaient, le vieillard, assis à table, fut ravi en esprit et vit que les uns mangeaient du miel, d’autres du pain, d’autres des ordures. Il s’étonna et pria Dieu en disant : Seigneur, révèle-moi ce mystère, puisque la même nourriture est servie à tous sur la table, comment se fait-il qu’elle me paraît transformée lorsqu’on la mange et que les uns mangent du miel, d’autres du pain, d’autres des ordures ? Une voix d’en haut lui dit : Ceux qui mangent du miel sont ceux qui s’assoient à table avec crainte, tremblement et allégresse spirituelle, et qui prient sans cesse ; leur prière monte vers Dieu comme la fumée de l’encens ; c’est pour cela qu’ils mangent du miel ; ceux qui mangent du pain sont ceux qui rendent grâces en prenant ce que Dieu leur a donné ; enfin ceux qui mangent les ordures sont ceux qui murmurent et qui disent : Ceci est bon, et cela est gâté. Il ne faut pas penser cela, mais plutôt louer Dieu et lui adresser des cantiques pour accomplir la parole : Que vous mangiez, que vous buviez, quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu[2].

86. — Un moine travaillait le jour d’un martyr[3], un autre moine le voyant lui dit : Peut-on travailler aujourd’hui ? L’autre répondit : Aujourd’hui le serviteur de Dieu a quitté (la vie) par le martyre et a été tourmenté, et moi ne dois-je pas me fatiguer un peu en travaillant aujourd’hui ?

87. — Un vieillard dit : Souvent, au moment où le diacre disait : Donnez-vous la paix les uns aux autres, je vis l’Esprit-Saint sur la bouche des frères[4].

88. — Certain jour un pénitent quitta le monde[5]. Il lui arriva aussitôt de tomber sur une pierre et de se blesser au pied. Il perdit beaucoup de sang, au point de défaillir et de mourir. Les démons vinrent pour prendre son âme, mais les anges leur dirent : Remarquez cette pierre et voyez son sang qu’il a versé pour le Seigneur. À ces paroles des anges, son âme fut délivrée.

89. — On demanda à un vieillard : Comment doit être le moine ? Il dit : Selon moi, s’il est seul à seul[6].

  1. L, fol. 149 v° B, p. 573, n. 345. M, 1000, n. 17. Paul, 201.
  2. I Cor., x, 31.
  3. Paul, 168.

    D’après les Constitutions apostoliques, viii, 33 : « on ne travaillera pas le jour d’Étienne, premier martyr, ni des autres saints martyrs, qui ont sacrifié leur vie au Christ ». Migne, P. G., t. I, col. 1136.

  4. Paul, 499.
  5. Paul, 11.
  6. Cf. B, p. 820, n. 339. Paul, 420. Paul ajoute : « c’est-à-dire voyant toujours