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TRADUCTION


63. — Des séculiers tombèrent chez un anachorète et celui-ci les reçut avec joie et dit : Le Seigneur vous a envoyés pour m’enterrer, car il m’appelle à lui, mais pour votre utilité et celle des auditeurs, je vous raconterai ma vie : Je suis vierge de corps, mes frères, mais mon âme a été jusqu’ici inhumainement tourmentée par la luxure. Voilà qu’au moment où je vous parle, je vois les anges qui viennent recevoir mon âme, pendant que, de l’autre côté, Satan m’oppose mes pensées de luxure. À ces paroles, il s’allongea et mourut. Les séculiers l’habillèrent et trouvèrent qu’il était vierge en vérité.

64. — Un moine[1] tourmenté depuis longtemps par le démon de la luxure en souffrit au moment de l’assemblée. Il la méprisa et, se dépouillant devant les frères, repoussa la force de Satan en disant : Priez pour moi, parce que depuis quatorze ans je suis ainsi tenté. À cause de son humilité, la tentation cessa.

65. — Un vieillard dit : L’oubli est la racine de tous les maux.

66. — Un prêtre des cellules[2] était favorisé de visions : Comme il allait un jour à l’église pour faire l’office, il vit près de l’une des cellules des frères une multitude de démons habillés en femmes qui disaient des paroles inconvenantes, d’autres injuriaient les jeunes (moines), dansaient et prenaient divers déguisements. Le vieillard gémit et dit : Certainement ce frère vit dans la tiédeur, c’est pour cela que les esprits impurs environnent ainsi sa cellule. Quand il revint après l’office, il entra dans la cellule du frère et lui dit : Je suis affligé, frère, mais j’ai confiance que si tu veux prier pour moi, Dieu délivrera mon cœur de l’affliction. Le frère refusa et dit : Père, je ne suis pas digne de prier pour toi. Mais le vieillard continua à le prier et à dire : Je ne m’en vais pas si tu ne me promets pas de faire chaque nuit une prière pour moi. Le frère obéit donc à l’ordre du vieillard, qui voulait ainsi l’amener à prier durant la nuit. Le frère se leva donc durant la nuit et pria pour le vieillard ; après cette prière il fut saisi de peine et se dit : Âme malheureuse, qui prie pour le vieillard et ne prie pas pour elle ! Il fit donc aussi une prière pour lui et cela durant toute la semaine, faisant chaque nuit deux prières, l’une pour

  1. Cf. M. 877, n° 14.
  2. Paul, 180, attribue ce récit à Macaire.