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navire pour quitter la ville. Ceux-ci, voyant l’officier, le prièrent de demander un navire au gouverneur afin qu’ils pussent quitter la ville. Il acquiesça à leur demande, alla trouver le gouverneur et, tout en demandant des chevaux de poste pour lui, il présenta aussi la requête des soldats. Le gouverneur dit à ceux-ci : Si vous voulez que je vous congédie, persuadez à l’officier de faire le voyage par mer avec vous et je vous laisserai partir aussitôt. Ils prièrent donc pendant longtemps l’officier de faire voyage par mer avec eux. Il accepta, et le gouverneur leur donna un navire. Ils profitèrent donc d’un vent favorable et naviguèrent ensemble, l’officier et les soldats. Il arriva dans la nuit que l’officier, souffrant du ventre, se leva pour ses besoins. Arrivé sur le côté du navire, il fut frappé par la voile et jeté dans la mer. Les matelots l’entendirent tomber, mais comme il faisait nuit et que le vent était violent, ils ne purent le retirer. L’officier, croyant périr, était porté sur l’eau, mais le jour suivant, par la volonté divine, un navire vint à passer et ceux du navire, le voyant, le retirèrent et le conduisirent à la ville (de Constantinople) où les soldats étaient allés. Les matelots des deux navires, arrivant à terre, allèrent dans une (même) auberge. L’un des matelots du navire d’où l’officier était tombé, vint à y penser et dit en gémissant : Quel malheur est arrivé à cet officier ! Les autres l’entendant lui demandèrent de quel officier il déplorait le sort. Lorsqu’ils furent au courant ils dirent : Nous l’avons sauvé et nous l’avons avec nous. Les autres, pleins de joie, allèrent le trouver et l’officier leur dit : L’aveugle à qui j’ai donné une pièce, est celui qui m’a soutenu sur l’eau. Les auditeurs louèrent Dieu (notre) Sauveur.

Nous apprenons par là que l’aumône faite suivant l’occasion n’est pas perdue, mais Dieu en tient compte à l’homme miséricordieux au moment où il en a besoin. Selon la divine Écriture donc, ne refusons pas de faire du bien à l’indigent lorsque notre main peut le secourir.

40. — L’un des amis du Christ qui avait le don de l’aumône disait : Il faut que le donateur fasse l’aumône comme lui-même voudrait la recevoir. Telle est l’aumône qui rapproche de Dieu.

41. — Deux frères étaient conduits au martyre[1] ; après avoir été tourmentés une fois, ils furent jetés en prison ; or ils étaient brouillés ensemble. L’un donc fit repentance à son frère et dit : Nous allons mourir demain, mettons donc fin à notre inimitié mutuelle et réconcilions-nous, mais l’autre ne le voulut pas. Le lendemain ils furent emmenés de nouveau et tourmentés. Celui qui n’avait pas accepté la repentance faiblit dès le premier choc et le gouverneur lui dit : Pourquoi ne m’as-tu pas obéi hier, lorsque tu souffrais de tels tourments ? L’autre répondit : C’est parce que j’ai gardé de la rancune contre mon frère et ne me suis pas réconcilié avec lui que j’ai été privé de la consolation divine.

42. — Un autre (avait été) livré au martyre par son esclave ; au moment où il allait à la mort, il vit cette esclave qui l’avait livré. Il prit

  1. Cf. 2474, fol. 163. Paul, 260.