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pénétrés de l’esprit nouveau, délivrés des préjugés d’une autre époque, mandataires des noirs comme des blancs, arriver assez tôt dans notre assemblée pour y défendre efficacement des intérêts déjà compromis et pour y plaider, non en théoriciens, mais en hommes pratiques, la cause de la vraie liberté, inséparable de l’ordre, du travail, de la justice pour tous !

La commission affirme que l’ensemble des mesures décrétées n’imposera aucune charge nouvelle à l’État. Nous voudrions croire à cette prédiction qui est exprimée sous forme de certitude. Malheureusement nous craignons bien que cette assurance ne soit autre chose qu’une réminiscence malheureuse du style constitutionnel en matière de budget ou une pure illusion d’auteur. Tous les organisateurs en sont là. — Nous ne voyons pas, en effet, avec quels fonds l’État pourvoira aux nombreuses et louables mesures de bienfaisance et d’instruction que le gouvernement provisoire a décrétées. Si vous les demandez aux colons sans accorder à ceux-ci l’indemnité, où donc les colons, ruinés par l’émancipation, iront-ils les prendre ? Si vous reconnaissez la dette de l’indemnité (ce que nous déclarons être rigoureusement juste), la somme à débourser imposera une lourde charge au budget de l’État. De quelque façon qu’on envisage la question, on se trouve en face d’une dépense plus ou moins forte.

La commission compte sur les économies que l’État pourra effectuer par la réduction des garnisons coloniales ; elle ne doute pas que cette réduction ne puisse être opérée dès la seconde année. L’avenir et l’expérience décideront si cette espérance n’est pas une nouvelle illusion à ajouter à tant d’autres !

Peu importe, d’ailleurs ; la question La plus grave n’est point là ; nous nous inquiétons peu des sommes que coûtera ou ne coûtera pas l’abolition de l’esclavage. Ce que nous voulons, c’est l’émancipation des noirs dans nos colonies à des conditions morales et équitables pour tous les intérêts. Nous ne marchanderons pas avec la liberté.