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Le principe, que personne aujourd’hui ne conteste, ne serait pas compromis, si on apportait dans son application de sages ménagements. Est-ce donc une chose si facile, même pour les blancs, que d’apprendre à être libres ?

Nous craignons fort que l’organisation du travail aux colonies, telle que l’a entendue la commission, ne réponde pas aux espérances honnêtes et pures qui l’ont inspirée. Il parait que le mot porte malheur.

On peut renfermer dans des limites plus ou moins étroites l’obligation du travail ; ainsi nous avons nous-mêmes pensé que le système de l’apprentissage anglais était beaucoup trop restrictif et qu’il convenait de le repousser comme étant plus voisin de l’esclavage passé que de la liberté prochaine ; mais encore faut-il prendre des mesures qui assurent le travail, non au point de vue seulement de la production coloniale, mais surtout dans l’intérêt des nouveaux affranchis. Avec des écoles, des institutions de bienfaisance, on prépare le travail et la liberté à venir ; que devient le présent ?

Nous ne doutons pas, pour notre part, que la liberté de la commission ne soit, avant peu de temps, Reconnue impraticable. Mais alors le mal sera fait.

Quant aux mesures accessoires dont nous avons présenté plus haut l’énumération en résumant les douze décrets du gouvernement, elles sont à la fois humaines et indispensables. Le rapport de la Société orientale se trouve, à cet égard, comme on a pu le voir, en parfaite concordance de vues et d’idées avec les propositions du ministère de la marine. La création de salles d’asile, de crèches, d’écoles gratuites de l’enseignement industriel, d’ateliers nationaux, de tribunaux mixtes, la répression du vagabondage, l’application d’un régime hypothécaire, ces diverses institutions étaient indiquées et désirées depuis longtemps. La commission n’a fait que les formuler en décrets. Elle a consacré le droit des colonies à envoyer des représentants à l’assemblée nationale, et, en cela, elle a donné satisfaction à un vœu déjà ancien et rigoureusement légitime sous un régime d’égalité. Puissent ces représentants, sagement