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XI — On révisera la législation douanière sur les sucres.


Traitée au point de vue d’un remaniement complet dans l’économie de nos tarifs, la question des sucres exigerait de longs développements. La réduction que nous proposons ici se rapporte uniquement à l’intérêt colonial qui peut être exposé en très-peu de mots.

Nous acceptons les faits accomplis, c’est-à-dire la concurrence redoutable que le sucre de betterave oppose sur le marché métropolitain au sucre de canne ; nous demandons seulement que la réduction de droits soit calculée pour les deux sucres de manière à laisser à chacun la part proportionnelle qu’il prend aujourd’hui dans l’approvisionnement.

Cette réduction devrait développer la consommation et augmenter le débouché des deux sucres.

La production, tant aux colonies que dans la métropole, y gagnerait infailliblement.

La question, dégagée ainsi de toute considération fiscale, se présente clairement aux esprits, et les avantages qui résulteraient du dégrèvement deviennent évidents.

Il semble, au premier abord, qu’il y ait contradiction à solliciter la réduction du droit sur les sucres dans l’intérêt de la production coloniale, alors qu’il est presque certain que l’affranchissement des noirs aura pour résultat immédiat de diminuer l’importance de cette production même, et de rendre inutile pour les colonies l’agrandissement du débouché. La contradiction n’est qu’apparente. Par l’adoption de la mesure proposée, les colonies ne se verront plus exposées au risque de laisser dans les entrepôts de nos ports une partie de leurs produits dépréciés par la concurrence du produit indigène et par l’encombrement du marché. Chaque année le stock du sucre colonial augmente. C’est un retard, une perte dans la vente, et, de plus, un capital qui fait défaut. Si la consommation se développait aussi promptement que la production, l’embarras que nous signalons disparaîtrait, au moins pour quelques années, et, dans l’intervalle, les colonies au-