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ment étudiée. C’est, il faut bien le dire, la dernière planche de salut pour nos colonies. Sous le régime de l’esclavage, les bras ne suffisaient pas ; l’émancipation doit encore en diminuer le nombre. Que deviendraient les colons, s’il n’était apporté de prompts et énergiques remèdes à cette pénurie de travailleurs, qui paralyserait toute production et laisserait infécond le capital de l’indemnité ?

il faut que le gouvernement rende d’une main ce qu’il retire de l’autre ; qu’après avoir proclamé l’abolition de l’esclavage, il encourage directement l’immigration. À cette condition seulement l’indemnité sera complète et l’intérêt des colons sauvegardé.


III. — Intérêt de la métropole.


Les colonies sont une propriété nationale ; il convient de ne pas les laisser dépérir.

Entre les colonies et la France, il existe des liens étroits formés par les intérêts de la navigation, du commerce, de l’industrie et resserrés par des obligations réciproques, par le crédit.

Quelques chiffres sont ici nécessaires pour faire apprécier exactement l’importance des colonies à esclaves dans l’ensemble de nos relations extérieures.

En 1846, d’après les tableaux de l’administration des douanes, les transports entre la France et les colonies de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane, du Sénégal et de Bourbon, ont employé :


À l’entrée, 361 navires, 88,500 tonneaux et 4,606 marins.
À la sortie, 525 na« 121,500 tonne« 6,601 ma«



Total 886 na« 205,000 tonne« 11,207 ma«


Le chiffre de tonnage représente le neuvième de la somme totale des transports effectués, avec tous pays, sous pavillon français.

La prospérité de notre marine marchande, et, par suite, la force de notre marine militaire, sont donc ici fortement engagées.

Passons à l’examen des intérêts commerciaux.

En vertu du pacte colonial, les colonies ne peuvent