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colon une valeur égale à celle des nègres qui travaillaient autrefois sur son habitation.

Aux colonies, la richesse d’un propriétaire ne se mesure pas au nombre d’hectares qui composent son domaine, mais au nombre d’esclaves employés à la culture.

Les bras sont le principal, la terre n’est que l’accessoire.

Du moment qu’on enlève au colon son atelier de nègres, par l’émancipation ou autrement, on l’empêche de produire et on le ruine. Les capitaux ne remplacent point les bras.

Il est donc équitable et même juste de tenir compte de la situation exceptionnelle de nos colons et de veiller à ce que le droit des nègres à la liberté ne porte point un trop grave préjudice au droit de propriété des blancs.

Deux moyens se présentent : d’une part, utiliser les éléments qu’offrait l’esclavage et organiser le travail libre par les noirs émancipés ; d’autre part, introduire, par l’immigration, de nouveaux éléments et demander à l’étranger le supplément de bras nécessaire.

C’est ce qui a été pratiqué dans les colonies anglaises, et pourtant, disons-le d’abord, ces colonies ont dû passer par de rudes épreuves. Après douze ans environ, le travail que leur a enlevé l’émancipation n’a pas encore été remplacé.

Nous avons déjà exprimé l’opinion que les nègres, après leur affranchissement, pouvaient être soumis à la loi du travail ; mais il y a lieu de penser que, dans les premières années au moins, la production sera gravement affectée. L’expérience anglaise prouve d’ailleurs (sans qu’il soit besoin de citer les chiffres) que la production coloniale s’est brusquement ralentie pendant la période d’apprentissage et qu’elle se relève avec peine, depuis la période de liberté complète, malgré les remèdes énergiques apportés à cet état de choses tant par les planteurs que par le gouvernement.

On peut ranger en trois catégories les noirs des colonies !