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à la liberté, je voudrais donc qu’on commençât par abandonner les voies coercitives.

M. de Saint-Cèran.— J’ai entendu souvent parler des jeunes nègres comme ayant d’abord une intelligence très-grande, bien plus vive même que celle des blancs de même âge, mais qui va en décroissant à mesure qu’ils avancent vers la virilité. Ce fait est-il exact ?

Girou de Buzareingues.— Ce fait peut être très-vrai ; il est d’accord avec les lois physiologiques. Tout être qui se développe très-vite au physique voit croître ses facultés intellectuelles dans le même rapport, mais elles s’arrêtent ou décroissent même lorsque ce développement s’arrête. Il en est ainsi du nègre. L’éléphant et le dauphin, qui se développent lentement, sont au nombre des animaux les plus intelligents de la création.

M. Bellet.— Je reviens à l’émancipation. Il me semble que tous les enfants devraient être émancipés, ainsi que les vieillards ; qu’il faudrait en même temps créer des salles d’asile et des maisons de retraite où l’on pourvoirait à la nourriture des uns et des autres. Avant de libérer le reste, c’est-à-dire les hommes valides, il faudrait surtout leur donner le goût du travail, car les nègres sont d’une imprévoyance incroyable.

M. Mac Carthy.— L’état des populations nègres est très différent. Répandues sur une immense surface, elles présentent les différences les plus remarquables sous le rapport de la civilisation et des coutumes. Les unes sont constituées en états parfaitement organisés, comme dans le bassin du Sénégal, de la Gambie, du Niger, du Chary. En un endroit de la relation de son second voyage, Clapperton, traversant le Youriba, observe que certains territoires lui ont paru aussi bien cultivés, aussi brillants que les plus riches districts de l’Angleterre. Et vous savez, messieurs, que lorsqu’il s’agit de leur pays, les Anglais sont très loin d’être impartiaux. Beaucoup d’autres peuples noirs sont de véritables barbares, livrés à l’antropophagie, reconnaissant à peine un chef, vivant comme des brutes. Parmi les populations civilisées, l’insouciance, l’imprévoyance sont très grandes. Dans la Sénégambie, la plupart des