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lons, ils seront soumis à de difficiles épreuves, et dès lors il est convenable, pour la mère-pairie, non pas de les indemniser, mais de leur venir en aide et de les subventionner dans une juste mesure.

Or, la mesure de cette subvention ne saurait être ici développée, parce qu’ici on a dû et on a voulu s’en tenir à la discussion théorique du principe.

Quant à l’application de la mesure, quant à l’avenir des colonies, quant à leur utilité ou à leur inconvénient pour la France, quant à la protection onéreuse au moyen de laquelle elles subsistent et dans laquelle elles périraient immédiatement, toutes ces questions sont autres quoiqu’elles soient connexes, et on ne saurait se livrer à leur examen accidentellement et sans une invitation spéciale de la Société.

M. de Saint-Cèran.— Il faut, je crois, faire une grande distinction entre l’esclavage de l’Orient et l’esclavage aux colonies. Ici on n’admet pas la légitimité des enfants, là elle est admise. Tous les créoles que j’ai connus convenaient eux-mêmes qu’il y avait de grandes réformes à opérer. En effet, parmi les esclaves, les uns sont bien traités, les autres, par exception, le sont sans aucune espèce d’humanité. En Orient, c’est le contraire. Tout cela indique nettement, à mon avis, que les deux questions doivent être traitées isolément.

Girou de Buzareingues.— L’histoire des peuples présente les mêmes phases que celle de l’homme, ils ont leur enfance et leur virilité. On peut dire que l’esclavage est, pour certains d’entre eux, l’époque de l’enfance, de la tutelle qui leur permet d’atteindre l’âge de raison. L’enfant a des droits à la liberté et cependant on ne peut le laisser libre. Dans les collèges, dans l’éducation privée, on a d’abord procédé à l’éducation des enfants en les frappant, en les soumettant à de durs châtiments corporels. Puis on a senti que cette marche était contraire à l’humanité, à la dignité, à la raison et on l’a changée. Je pense qu’on peut suivre la même marche avec les esclaves, qu’on peut arriver à les faire travailler sans les frapper. En cherchant à les mener