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et si l’État avait ou non le devoir d’intervenir pour les faire vivre. Ces questions confuses s’éclaircissent singulièrement à la lumière des principes. Que si les conditions industrielles et commerciales des villes étaient changées, ou l’existence des canaux compromise, par le seul fait de transports effectués sur les chemins de fer au prix de revient, il n’y aurait là, évidemment, qu’un effet très ordinaire du progrès technique ou économique, qui, tous les jours, déplace ainsi les situations. Ou que si ces résultats se produisaient par l’effet d’une exploitation des chemins de fer faite au prix de monopole par la communauté ou l’État, en vue d’un intérêt défini, il n’y aurait encore là qu’un sacrifice de certains intérêts particuliers à l’intérêt général comme il s’en fait à chaque instant. Mais que ces conséquences aient lieu par suite d’une exploitation faite aux prix de monopole, par des compagnies particulières, pour le plus grand profit des actionnaires, c’est, en effet, une chose assez étrange, et qui a dû sembler telle au sens commun comme elle l’est réellement au regard de la science.


IV.
DE L’INTERVENTION DE L’ÉTAT EN MATIÈRE DE CHEMINS DE FER.


La conclusion des réflexions qui précèdent est assez évidente. L’État peut et doit intervenir dans l’industrie des chemins de fer, et cela à un double titre : i) parce que le service des chemins de fer, en ce qui concerne les transports des services ou produits d’intérêt public, est lui-même un service public ; ii) parce que le service des chemins de fer, en ce qui concerne le transport des services ou produits d’intérêt privé, est un monopole naturel et nécessaire qui, comme monopole privé, ne serait fondé ni en droit ni en intérêt et qui, par conséquent, doit être érigé en monopole d’État économique. À ce dernier titre, le monopole des chemins de fer devrait être exercé purement et simplement, soit par l’État soit pour son compte, au prix de revient. Mais au premier titre, et vu le caractère particulier de l’industrie des chemins de fer, cette condition doit être entendue dans un sens plus large qu’il ne paraît au premier abord.