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L’ÉTAT ET LES CHEMINS DE FER
(Suite et fin)[1]


III.
DES TARIFS DE CHEMINS DE FER


Les produits de l’industrie des chemins de fer sont les transports de voyageurs et de marchandises. L’unité de produit est le transport de 1 voyageur ou de 1 tonne de marchandise à 1 kilomètre ; on l’appelle voyageur kilométrique, tonne kilométrique. Ce sont les prix de ces unités qui sont indiqués par les tarifs ; l’étude de la question des tarifs, c’est donc l’étude de la question du prix dans l’industrie des chemins de fer.

Cette industrie étant un monopole, il y a deux prix à considérer : un prix correspondant au prix de revient du voyageur ou de la tonne kilométrique, et un prix différent correspondant au produit net maximum. Le consommateur doit désirer le premier ; l’entrepreneur monopoleur doit désirer le second. En fait, il est bien certain que les compagnies de chemins de fer souhaitent obtenir le plus grand produit net possible ; mais il l’est aussi que, faute de posséder la théorie et la pratique rationnelles du monopole, elles n’y réussissent que très imparfaitement. C’est là une vérité curieuse à constater et que M. Gustave Marqfoy, dans son remarquable travail, intitulé : De l’abaissement des tarifs de chemins de fer en France (1863), nous paraît avoir démontrée en ce qui concerne les compagnies françaises. À la différence de la plupart des économistes qui écrivent sur les chemins de fer, M. Marqfoy fait preuve, dans son travail, d’une perception très nette et très claire de ce fait que l’industrie des chemins de fer est un monopole et d’une connaissance approfondie de la nature et des conditions du monopole. Il sait qu’il y a un prix de revient et un prix de pro-

  1. Voir la première partie de l’article, n° de mai-juin 1897, tome VII, p.417.