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— Vous verrez quelle débandade dans leurs rangs, après un seul jour de travail mécanique ! — affirmait le préfet, chez les Thüringer, la veille de cette ridicule démonstration.

Il plastronnait, parce que le dimanche précédent il avait réussi à empêcher le meeting projeté en ville, en interdisant aux ouvriers la location de toute grande salle et en refoulant, à leur arrivée en gare de Braïla, les deux propagandistes Gorghi et Cristin. Adrien put, néanmoins, prendre contact avec ces deux hommes, qui lui firent savoir qu’une aide morale et matérielle aux grévistes était incessamment attendue de la part de l’internationale du Travail d’Amsterdam.

Afin d’éviter une éventuelle désillusion, Adrien garda pour lui cette magnifique nouvelle. Mais, le jeudi soir, quatrième jour de travail des élévateurs, une dépêche de Bucarest lui apportait la confirmation de l’aide attendue, ainsi que le texte du salut de l’Internationale aux grévistes de Braïla. Il voulut faire imprimer des affiches. Tous les imprimeurs de la ville lui répondirent que la police leur défendait l’exécution d’un travail de cette sorte pour les syndicalistes. Il partit sur-le-champ pour Ploesti, d’où il rentra le lendemain matin portant sur l’épaule un gros rouleau d’affiches. À midi, celles-ci étaient placardées. On pouvait y lire, à la fin d’une ardente exaltation de la solidarité ouvrière, le texte de cette dépêche d’Amsterdam :

au nom des ouvriers débardeurs du monde entier, l’« Internationale du Travail » envoie son salut fraternel aux camarades débardeurs de Braïla, en lutte avec le monstre capitaliste, et les assure de tout son concours moral et matériel. Elle a pris ses dispositions pour que tout navire chargé pendant la grève soit boycotté, à son arrivée à destination. Vivent les débardeurs de Braïla ! Vive le socialisme !

El pour enlever aux adversaires moyen de prétendre que ce télégramme était une fiction, Adrien au bas de l’affiche avait fait imprimer cette déclaration : « l’Internationale du Travail accompagne sa dépêche d’un premier subside de trente mille francs, qui est entre les mains de notre Comité Central de Bucarest. »

Dans l’après-midi de la même journée, une manifestation