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allongée sur son lit. Il reçut un choc dans les tempes, mais furieux n’y fit pas attention :

— Tu sais, Julie : nous sommes des amis, mais je ne veux pas être victime de ma bonté. Pourquoi cries-tu comme une folle, quand tu es avec ton amant ?

— Parce que je suis folle et parce que c’est bon !

— Qu’est-ce qui est « bon » ? Ah, tu te moques encore de moi ! Et tu chipes des bouteilles de liqueur. Eh bien, à l’avenir, ton amant n’entrera plus ici !

Elle sauta du lit et lui enlaça le cou, le serrant contre sa poitrine :

— Que si, Adrien, il entrera encore ! Tu ne peux pas être si méchant. Et moi, je ne crierai plus ! Je te le promets. Mais montre-moi, que tu ne m’en veux plus. Prenons un verre de liqueur, tu verras comme c’est bon !

Il la repoussa, mollement, épuisé, comme lorsqu’on éprouve une grande frayeur. Toutes ses chères pensées s’évanouirent, malgré ses efforts pour en garder le contrôle ; il s’attardait dans les bras de cette femme, contre laquelle, brusquement, il ne pouvait plus rien. Cela ne dura qu’une minute, mais ce fut suffisant pour qu’il obéît, se laissant choir à côté d’elle, sur le lit en désordre.

panaït istrati
(À suivre)