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capitaliste et le lendemain il en demanda l’explication à M. Max :

— D’après ce que je puis savoir, les ouvriers s’organisent en syndicats, afin de mieux lutter contre leurs patrons. Et vous leur recommandez cette arme ?

Oui, parce que cette arme a, pour nous, ses côtés avantageux : l’ouvrier syndiqué est plus sérieux, plus consciencieux, on peut compter sur lui, tandis que l’autre est généralement beaucoup moins qualifié. L’organisation syndicale n’est pas qu’une fabrique de révolutionnaires, elle est aussi une école de moralité.

Il était une heure du matin quand les invités se levèrent pour partir. Adrien accourut chez Anna, qui bavardait encore avec son amoureux :

— Sauvez-vous, monsieur, je vous en prie ! — lui dit-il. — M. Max rejoindra, à l’instant, sa chambre à coucher et il ne trouvera pas madame dans son lit, où je lui ai dit qu’elle était.

Le professeur de gymnastique disparut dans l’obscurité du parc. Anna se sauva, elle aussi. Ils se donnaient rendez-vous à la fenêtre de la chambre d’Adrien, qui ouvrait sur le côté le plus solitaire du Jardin Public, leur amour était encore platonique. Mais il y avait un autre amour dans la maison, ignoré de tous et beaucoup moins platonique. C’était celui que Julie la servante nourrissait pour son amant. Elle le recevait, deux ou trois fois par semaine, pendant quelques heures, avec la complaisance d’Adrien, qui avait la garde de la maison et ne pouvait rien refuser aux amoureux. Toutefois, à son avis, Julie et son amant faisaient trop de bruit dans leur chambre, on les entendait presque jusque de la salle de jeux. Ce soir-là, surtout, Adrien fut obligé d’aller frapper à leur fenêtre, pour leur imposer silence. Si les patrons venaient à apprendre ce qui se passait, il y aurait un grand scandale.

Aussi, après le départ de tout le monde, Adrien ferma à clef les deux portes et se précipita vers la chambre de Julie. Il n’y tenait plus. Il voulait la gronder sur-le-champ.

Dans l’obscurité presque complète de la pièce, où régnait une forte odeur de liqueur, Adrien la devina à demie-nue,