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toutes les institutions de ce genre. Mais il semble aujourd’hui que l’éducation morale ne soit plus nécessaire à l’homme, il semble que toute la vie humaine doive se réfugier dans l’intelligence et abandonner le cœur. Chez les enfants d’intelligence, tout ce qui se développe au collège, c’est l’orgueil et l’amour de soi. Chez les enfants inintelligents, ce sont les instincts bas et grossiers. Chez tous, même chez les natures naturellement généreuses que cette détestable éducation ne peut corrompre entièrement, c’est la vanité qui domine tout le reste.

Cherchez un seul homme dans toute cette génération qui soit la preuve du contraire.

La meilleure éducation possible serait une somme bien entendue de connaissances ; un développement très prudent de l’intelligence ; un grand développement du cœur, une grande excitation des sentiments, ou tout au moins chez les natures froides des idées de justice, de fierté, de reconnaissance, de sincérité, de dévouement : enseignement qu’il faudrait rendre persuasif, éloquent au besoin, si ce n’est par la parole, du moins par l’exemple. L’homme le plus simple, la mère la moins lettrée pourrait le donner à son enfant. — Par-dessus tout cela, il faudrait une habitude de sévérité, non permanente, hors de propos, non guindée, non prolixe, non armée de fouet et de férule, mais toujours éveillée sur les petites fautes, toujours remontrante et probante. Il faudrait surtout bien connaître le naturel d’un enfant, le lui faire connaître à lui-même et si bien qu’il fût forcé d’en convenir du moins à ses propres yeux ; appeler son attention sur ses défauts, lui signaler ses chutes, ses victoires, encourager ses progrès dans le bien. Si l’enfant est avide de science, le contenir, lui montrer que l’intelligence n’est rien sans la bonté, sans la vertu, sans l’amour. Si l’enfant est paresseux et inhabile, mais doux et tendre, lui faire comprendre qu’il doit s’instruire et se cultiver par amour pour ceux qui l’élèvent, et faire du développement de son intelligence un sacrifice, un acte de dévouement.

Faire sur tout cela dominer une critique impartiale mais attentive et sévère, railler impitoyablement toute apparence de sottise, de prétention, de vanité puérile, d’affectation, de mauvaise honte, habituer les enfants à s’expliquer hardiment sur ce qu’ils comprennent bien. Rabattre leur orgueil aussitôt