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LA REVUE DE PARIS

SCORONCONCOLO

Fût-ce le pape ! Pour toi, je remettrais le Christ en croix !

LORENZO

Réjouis-toi, c’est un homme puissant, un favori du Grand-Duc.

SCORONCONCOLO

Quand ce serait le diable ! Quand ce serait le Duc lui-même !

LORENZO

Aujourd’hui ?

SCORONCONCOLO

Tout de suite.

LORENZO

Eh bien ! dans une heure ! Prends cette bourse de sequins. C’est lui-même qui te paye ton salaire.

SCORONCONCOLO, ouvre la bourse et regarde.

C’est bien payé ! Je le servirai en conscience.

LORENZO

Écoute. Je te défends, sur ta vie, de le toucher, si je l’étends du premier coup. Si j’étais robuste comme toi, je ne me ferais pas aider. Mais le sanglier se défendra. Si je le manque, il m’écrasera dans sa main, moi, débile et maladif[1]. Ma vie, c’est ce dont je me soucie le moins. Mais la sienne ! Oh ! s’il s’échappait !… Jure-moi qu’entré dans cette chambre, il n’en sortira pas vivant.

SCORONCONCOLO

Je te le jure par l’Eucharistie, par saint Pluton et par la gueule de l’enfer !

LORENZO

Je vais le chercher et l’amener là. C’est là qu’il tombera.

SCORONCONCOLO

C’est là, vive Dieu ! Et voici la lame qui trouvera son cœur. Où t’attendrai-je, maître ?

LORENZO

Dans la galerie.

    LORENZO

    Montre-moi cette épée. Ah ! garçon, c’est une brave lame.

    SCORONCONCOLO

    Essaye-la et tu verras.

    LORENZO

    Tu as deviné mon mal…

    SCORONCONCOLO

    Quel est te nom de l’homme ?

    LORENZO

    Qu’importe ?

  1. Cf. Musset, Lorenzaccio, acte III, sc. i
    LORENZO

    … Si je l’abats du premier coup, ne t’avise pas de le toucher. Mais je ne suis pas plus gros qu’une puce et c’est un sanglier…