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UNE CONSPIRATION EN 1537

CAPPONI ET BINDO, atterrés.

Nous sommes trahis !

LORENZO les contemple avec ironie, puis s’avance à la rencontre d’Alexandre.

D’où me vient une faveur si grande que mon maître daigne venir visiter son serviteur[1] ?

LE DUC

Tu t’es trouvé malade, ce matin, au Palais, et j’étais pressé, Lorenzino, de m’assurer que cet événement n’avait pas eu de suites.

LORENZO

C’est trop de bontés ! La gracieuse visite de Votre Altesse m’est d’autant plus favorable qu’elle me fournit l’occasion de lui présenter deux citoyens de cette ville, également empressés de lui offrir leurs humbles hommages. L’un est mon oncle, Bindo Altoviti, qui regrette que son long séjour à Naples ne lui ait pas permis plus tôt de se prosterner devant Votre Altesse. L’autre est Messire Giulio Capponi[2], qui venait me prier de l’introduire devant Elle, afin qu’il pût mettre à ses pieds les protestations de dévouement et de fidélité de sa bonne ville de Florence.

LE DUC

En vérité ? Cet hommage de deux sujets, que j’avais soupçonnés de favoriser tacitement la rébellion, me serait agréable, s’il était bien sincère.

LORENZO

Que Votre Altesse n’en doute point. Ces deux fidèles sujets voulaient, aujourd’hui même, lui être présentés, afin de désavouer toute participation à la sédition qui a éclaté ce matin et dont ils ont vu avec joie le juste châtiment. (À Bindo et à Capponi.) Que la présence inattendue d’un si grand prince dans cette humble maison ne vous frappe point ainsi de crainte et d’émotion[3]. Dites-lui que j’ai été le fidèle interprète de vos sentiments intimes.

  1. Cf. Musset, Lorenzaccio, acte II, sc. iv :
    UN PAGE, en entrant.

    Le Duc !

    . . . . . . . . . . . . . . .

    LORENZO

    Quel excès de faveur, mon prince ! Vous daignez visiter un pauvre serviteur en personne ?

  2. Cf. Musset, Lorenzaccio, ibid. :
    LORENZO

    J’ai l’honneur de présenter à Votre Altesse mon oncle Bindo Altoviti, qui regrette qu’un long séjour à Naples ne lui ait pas permis de se jeter plus tôt à vos pieds. Cet autre seigneur est l’illustre Baptista Venturi…

  3. Cf. Musset, Lorenzaccio, ibid. :
    LORENZO

    … Que la présence inattendue d’un si grand prince dans cette humble maison ne vous trouble pas…