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UNE CONSPIRATION EN 1537

fois par les valets de maint mari jaloux, l’on pourrait croire… (Le reste de sa phrase se perd dans l’éloignement. Avant de sortir, il élève la voix pour appeler Valori resté en arrière.) Plairait-il à Votre Seigneurie apostolique de voir donner la question à ces factieux ?

VALORI

De grand cœur. (Ils sortent.)

(Lorenzo reste évanoui au milieu des pages.)
ANGIOLINO

Le porterons-nous à sa mère ?

BIONDINO

Portons-le plutôt dans l’Arno. La fraîcheur du bain le ranimera.

STEFANO

S’évanouir à la vue d’une épée ! Ignominie !

ANGIOLINO

On dit que son esprit n’est pas bien sain.

STEFANO

Ce sont les suites de la débauche.

ANGIOLINO

Portons-le chez sa mère. Elle le soignera si elle veut.

BIONDINO

Si je souille ma main à ce réprouvé, je veux qu’on m’appelle Lorenzaccio.

STEFANO

Il a fait un mouvement. La couleur lui revient ! Laissons-le se traîner hors d’ici, comme il pourra.

BIONDINO

Les murailles sont accoutumées à le soutenir. (Ils sortent.)

LORENZO, seul.

(Il est sur ses genoux et regarde autour de lui avec précaution.) Oui, Lorenzaccio, Castrataccio, c’est cela ! (Il se relève et secoue la poussière de son vêtement.) De la poussière ? c’est de la boue ? Jetez-en sur moi à pleines mains, c’est bien !




Scène II

La maison des Médicis Soderini.
Deux heures.
Madonna Maria Soderini travaille, Catterina tient un livre, Lorenzo

rêve, assis sur une fenêtre.

Catterina pose son livre et va embrasser sa mère.
MADONNA MARIA

Tu as les yeux humides, mignonne ?

CATTERINA

Oh ! c’est l’histoire de Virginia que je viens de lire en latin dans Titus-Livius.