Scène I
6 janvier 1537. Dix heures du matin.
Je le dis en conscience à Vos Seigneuries : l’émeute de ce matin avait un caractère sérieux.
Encore les jeunes gens ? Quelques élèves de l’école de peinture, artistes sans talent et sans barbe, qui croient que l’exaltation tient lieu de génie, quelques jeunes légistes, venus de Bologne, pour montrer dans nos rues leurs moustaches hérissées et leurs fraises tachées d’encre ? Un coup de vent ferait justice de ces conspirateurs à tête vide et à mine affamée.
Le peuple est bien mécontent.
C’est sa nature. Qu’importe d’ailleurs, si nous avons une garnison impériale bien payée à nos portes, et dans nos murs des troupes dévouées au gouvernement ? Il est assez prouvé qu’avec les Florentins, le sceptre de fer vaut mieux que le sceptre d’or.
C’est parfaitement juste. Mais ce nouvel édit de proscription a indisposé bien des familles prêtes à adhérer au gouvernement.
On se passera de leur adhésion. Sa Sainteté chérit le duc Alexandre, comme une mère aime son fils, et le protègera envers et contre tous.
Prenez garde que le regard perçant de Valori ne surprenne le sourire sur vos lèvres. Le pape est comme Dieu. Il est partout.
Le Duc. (Le Duc entre, suivi du capitaine Cesena, de Vitelli, de plusieurs écuyers, pages et gens d’armes.)
Eh bien ! Messieurs ! Qu’est-ce donc ? Nous avons encore eu du bruit ce matin ?
Quelques amis des derniers proscrits se sont assemblés autour de Santa Reparata et ont tenté d’en appeler au peuple. Mais les Floren-