Page:Revue de Paris - 1921 - tome 6.djvu/682

Cette page a été validée par deux contributeurs.
676
LA REVUE DE PARIS


Scène I


Le Palais du Grand-Duc à Florence.
6 janvier 1537. Dix heures du matin.


Malatesta, Valori, Marsili, plusieurs gentilshommes attachés au Grand-Duc, plusieurs riches bourgeois de la ville, quelques seigneurs étrangers.


MARSILI

Je le dis en conscience à Vos Seigneuries : l’émeute de ce matin avait un caractère sérieux.

VALORI

Encore les jeunes gens ? Quelques élèves de l’école de peinture, artistes sans talent et sans barbe, qui croient que l’exaltation tient lieu de génie, quelques jeunes légistes, venus de Bologne, pour montrer dans nos rues leurs moustaches hérissées et leurs fraises tachées d’encre ? Un coup de vent ferait justice de ces conspirateurs à tête vide et à mine affamée.

MARSILI, baissant la voix.

Le peuple est bien mécontent.

MALATESTA

C’est sa nature. Qu’importe d’ailleurs, si nous avons une garnison impériale bien payée à nos portes, et dans nos murs des troupes dévouées au gouvernement ? Il est assez prouvé qu’avec les Florentins, le sceptre de fer vaut mieux que le sceptre d’or.

MARSILI

C’est parfaitement juste. Mais ce nouvel édit de proscription a indisposé bien des familles prêtes à adhérer au gouvernement.

VALORI

On se passera de leur adhésion. Sa Sainteté chérit le duc Alexandre, comme une mère aime son fils, et le protègera envers et contre tous.

(Un gentilhomme parle bas à son voisin, qui lui répond :)

Prenez garde que le regard perçant de Valori ne surprenne le sourire sur vos lèvres. Le pape est comme Dieu. Il est partout.

UN PAGE annonçant :

Le Duc. (Le Duc entre, suivi du capitaine Cesena, de Vitelli, de plusieurs écuyers, pages et gens d’armes.)

LE DUC

Eh bien ! Messieurs ! Qu’est-ce donc ? Nous avons encore eu du bruit ce matin ?

MALATESTA

Quelques amis des derniers proscrits se sont assemblés autour de Santa Reparata et ont tenté d’en appeler au peuple. Mais les Floren-