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À peine eut-il entrevu la possibilité de retrouver cet être qui pour lui était plus qu’un homme, plus qu’un philosophe, presque plus qu’un Dieu, qu’il ressentit une de ces émotions profondes qu’on éprouve quand on apprend tout à coup qu’un père qu’on croyait mort depuis des années est vivant et près de vous. Le saint anachorète qui a passé sa vie à se nourrir de l’amour et du souvenir du Christ, comprenant subitement que son Dieu va lui apparaître, n’aurait pas été plus bouleversé que le fut le docteur Héraclius Gloss lorsqu’il se fut assuré qu’il pouvait rencontrer un jour l’auteur de son manuscrit.


XVII

comment s’y prit le docteur héraclius gloss pour
retrouver l’auteur du manuscrit


Quelques jours plus tard, les lecteurs de l’Étoile de Balançon aperçurent avec étonnement — à la quatrième page de ce journal, l’avertissement suivant : « Pythagore — Rome en l’an 184 — mémoire retrouvée sur le socle d’une statue de Jupiter — Philosophe, architecte, soldat, laboureur, moine, géomètre, médecin, poète, marin, médite et souviens-toi. — le récit de ta vie est entre mes mains — Écrire poste restante à Balançon aux initiales H.G. »

Le docteur ne doutait pas que si l’homme qu’il désirait si ardemment venait à lire cet avis, incompréhensible pour tout autre, il en saisirait aussitôt le sens caché et se présenterait devant lui. Alors chaque jour avant de se mettre à table il allait demander au bureau de la poste si on n’avait pas reçu de lettre aux initiales H.G. et au moment où il poussait la porte sur laquelle étaient écrits ces mots : « Poste aux lettres, renseignements, affranchissements » il était certes plus ému qu’un amoureux sur le point d’ouvrir le premier billet de la femme aimée.

Hélas ! les jours se suivaient et se ressemblaient déses-