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— Il est vrai, — ajouta-t-il, — que pour moi qui ne suis pas un croyant, plutôt que de me laisser mourir de faim, j’aimerais mieux changer légèrement le précepte divin, ou même le remplacer par celui-ci :

Père et mère dévoreras
Afin de vivre longuement.


XVI

comment la quarante-deuxième lecture du manuscrit
jeta un jour nouveau dans l’esprit du docteur.


De même qu’un homme riche peut puiser chaque jour dans sa grande fortune de nouveaux plaisirs et des satisfactions nouvelles, ainsi le docteur Héraclius, propriétaire de l’inestimable manuscrit, y faisait de surprenantes découvertes chaque fois qu’il le relisait.

Un soir, comme il allait achever la quarante-deuxième lecture de ce document, une illumination subite s’abattit sur lui, aussi rapide que la foudre.

Ainsi que nous l’avons vu précédemment, le docteur pouvait savoir à peu de chose près, à quelle époque un homme disparu achèverait ses transmigrations et réapparaîtrait sous sa forme première. Aussi fut-il tout à coup foudroyé par cette pensée que l’auteur du manuscrit pouvait avoir reconquis sa place dans l’humanité.

Alors, aussi enfiévré qu’un alchimiste qui se croit sur le point de trouver la pierre philosophale, il se livra aux calculs les plus minutieux pour établir la probabilité de cette supposition et après plusieurs heures d’un travail opiniâtre et de savantes combinaisons métempsychosistes, il arriva à se convaincre que cet homme devait être son contemporain, ou, tout au moins, sur le point de renaître à la vie raisonnante. Héraclius, en effet, ne possédant aucun document capable de lui indiquer la date précise de la mort du grand métempsychosiste, ne pouvait fixer d’une façon certaine le moment de son retour.