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L’ÉLÈVE[1]


V


Ce fut par la suite que se dessina le véritable problème — celui de savoir dans quelle mesure il avait le droit de discuter la turpitude de ses parents avec un enfant de douze, treize ou quatorze ans. Au premier abord cela semblait inexcusable. La question ne se posa d’ailleurs qu’un certain temps après que Pemberton eut reçu ses trois cents francs. Cette somme lui procura une sorte d’apaisement, de soulagement après la tension nerveuse aiguë à laquelle il avait été soumis. Il améliora économiquement sa garde-robe et il lui resta même quelques francs dans sa poche. Il lui sembla que les Moreen avaient l’air de le trouver presque trop élégant et de se demander s’ils ne le gâtaient pas trop. Un homme du monde moins parfait que M. Moreen aurait peut-être parlé de la hardiesse qu’il y avait pour un inférieur à porter de pareils nœuds de cravate. Mais il était toujours assez homme du monde pour fermer les yeux — il l’avait certainement démontré. Il était singulier que Pemberton se rendît compte que Morgan, sans en souffler mot, savait quelque chose de ce qui s’était passé. Mais trois cents francs, surtout lorsqu’on doit de l’argent, ne peuvent durer toujours

  1. Voir la Revue de Paris du 1er juin 1921.