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LA REVUE DE PARIS


Devant le néant de l’enseignement moderne, un seul parti s’offre donc au réformateur : restaurer les humanités grecques et latines, les seules capables, concurremment avec les sciences, l’histoire, une langue vivante, et la philosophie, de former une*élite française ; soumettre à ces disciplines tous les enfants ^ptes à faire des études, jusqu’à l’âge au moins où les sciences peuvent utilement devenir leur discipline principale.

En faveur du latin tout est dit, et la cause est entendue. On a suffisamment montré qu’apprendre le latin c’est encore apprendre le français, que la grammaire latine exerce l’enfant à la logique. La version latine est pour la pensée une discipline si exacte que bien des professeurs de mathématiques la considèrent comme utile à leur enseignement ; de leur côté les professeurs de lettres lui accordent une efficacité singulière pour aiguiser l’esprit de finesse. Les œuvres latines enfin entretiennent le futur citoyen des vertus qui font la force des démocraties, sans compter le profit que tire la jeunesse d’un commerce prolongé avec la sensibilité d’un Virgile, la souriante sagesse d’un Horace et la morale éloquente d’un Tacite. Enfin, ignorer le latin c’est être condamné à ne comprendre qu’à moitié tant d’œuvres françaises, tant d’institutions et de mœurs françaises dont les racines s’enfoncent dans le passé romain.

On vante moins souvent les humanités grecques depuis que les programmes de 1902 ont pensé les anéantir. Il semble admis que ce soit désormais étude de mandarin. Il est vrai qu’elles ont une mauvaise presse parmi les lycéens paresseux, bien que le grec s’apprenne sans plus de difficulté que l’allemand, et soit beaucoup plus sympathique. Elles ont particulièrement pâti du système des options, destructeur de tout effort. Ce sont pourtant les éducatrices par excellence. Poésie, art, morale, éloquence, histoire, science, les Grecs ont créé tout ce qui anoblit l’homme et embellit l’existence ; sauf pour la philosophie et la science, ils ont rarement été dépassés. Ils ont inauguré dans le monde le culte de la