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LA REVUE DE PARIS

revenions à la maison pour dîner. Cette marche était bonne comme exercice. Après dîner, nous eûmes la visite des Blégier qui restèrent à la maison jusqu’à 11 heures. Nous sentions approcher le moment redoutable, mais chacun se coucha de son côté, Alice à la chambre rouge où était Gaston, mes deux filles à l’extrémité du pavillon, moi dans mon lit ordinaire. A une heure du matin, Àlice vient en traînant ’ son fardeau avec l’intention de le déposer. J’envoyai prendre l’accoucheuse, le lit de douleur fut dressé et le travail sérieusement entrepris. L’accoucheuse arriva, mais la garde était occupée ailleurs, j’en fis les fonctions. Je passe sur les circonstances, sauf la principale, l’enfant se présentait bien, la mère avait bon courage, et Dieu aidant, à 5 heures 20 minutes la délivrance s’accomplissait. Les cris de la mère avaient été en partie étouffés, les enfants n’avaient rien entendu et les cris du nouveau-né n’arrivaient pas non plus jusqu’à eux. Celui-ci arrivait à la vie bien dispos, on lui fit sa toilette, et ce ne fut guère qu’au bout d’un quart d’heure que nous nous préoccupâmes de son sexe. Contre nos prévisions c’était un garçon. On trouve que la famille est ainsi bien équilibrée, et en réalité c’est une belle famille. J’allai prenure un peu de repos, et à mon lever, vers 9 heures, j’amenai Gaston auprès de la mère qui avait le nouveau venu à son côté. O surprise, ce fut une bien douce joie pour le frère aîné : et elle se continue d’une façon touchante. Les sœurs auraient préféré une petite fille, mais elles ont bien vite accepté le changement. Elles vous écriront elles-mêmes. Un mot de Gaston : il trouve que ce cadeau est un magnifique premier de l’an. Vous voyez que nous pouvons dire allelluia ! Tout à vous.

LÉOPOLD BATAILLE

P.-S. — Nous avons- reçu les deux expéditions annoncées. Quant aux deux portes, qu’on les place pour le mieux. La nourrice est arrivée ce soir. C’est une1 Arlésienne ; l’enfant a pris le sein.

Nîmes, le 10 avril 1872.

Chère mère,

Tout est toujours pour le mieux, amélioration sensible dans l’état d’Alice et excellente tenue de l’enfant. Il dort, il tète, il se gonfle à vue d’œil. Né mignon et vigoureux, il paraît doué d’une forte constitution, on ne peut pas promettre davantage. Il atenu la tête ferme et haute dès sa naissance, et aujourd’hui quand il est éveillé, ce qui est rare, il se retourne du côté où on l’appelle. Vous voyez que c’est à merveille et il y aurait de quoi s’enthousiasmer si on n’était pas familier avec toutes ces choses.

Chez la mère, la fièvre de lait est passée. Elle reprend aujourd’hui un peu de nourriture, nous retrouverons bientôt l’état normal. Je passe à la cérémonie du baptême ; nous prenons jour pour le mardi 16 avril et écrivons dans ce sens à Émile.