Page:Revue de Paris - 1921 - tome 3.djvu/478

Cette page a été validée par deux contributeurs.
476
LA REVUE DE PARIS

payer sa note d’hôtel. De plus il avait surpris dans les yeux du petit garçon la lueur d’un appel lointain.

— Hé bien, je ferai ce que je pourrai pour vous, — dit Morgan.

Là-dessus il s’en alla. Il passa par l’une des grandes portes-fenêtres, et Pemberton le vit sortir sur le balcon. Il resta là pendant que le jeune homme prenait congé de sa mère. Celle-ci, s’apercevant qu’il avait l’air d’attendre un adieu de Morgan, coupa court en disant :

— Laissez-le, laissez-le. Il est si drôle !

Pemberton soupçonna qu’elle avait peur de quelque chose qu’il pourrait dire.

— Il est extraordinaire ; vous l’aimerez, — ajouta-t-elle. — C’est de beaucoup le plus intéressant de la famille.

Et avant qu’il ait pu trouver une phrase polie à répondre, elle termina par :

— Mais nous sommes tous de braves gens, vous savez !

« Il est extraordinaire ; vous l’aimerez », furent les paroles qui revinrent à l’esprit de Pemberton avant le vendredi. Elles lui donnaient à penser entre autres choses que les gens extraordinaires ne sont pas toujours sympathiques. Tant mieux cependant s’il trouvait dans son préceptorat un élément d’intérêt. Il en avait peut-être trop considéré l’ennui comme inévitable. En quittant la villa après cette entrevue, il leva les yeux vers le balcon où l’enfant se penchait :

— Nous ferons de fameuses parties ! — lui cria-t-il.

Morgan resta court un instant, puis répondit gaiement :

— Quand vous reviendrez, j’aurai peut-être trouvé quelque chose de spirituel à répondre !



II


Le vendredi, il les vit tous, comme Mrs Moreen l’avait promis, car son mari était de retour et les jeunes filles et l’autre fils étaient à la maison. M. Moreen avait une moustache blanche, des façons ouvertes et, à sa boutonnière, le ruban d’un