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LA REVUE DE PARIS

auprès du P. C. du Général Commandant le 35e Corps à Pronleroy au sud de Montdidier : le Général Mangin doit y donner ses instructions pour la contre-roffensive. Ainsi, dans l’après-midi du 10 juin, l’ennemi accentue son offensive vers Compiègne et ne trouve aucune nouvelle division française en travers de sa route : en fin de journée, ses avant-gardes ont dépassé le Matz et peuvent espérer franchir l’Aronde le lendemain matin. Le succès doit paraître assuré à l’état-major de la XVIIIe Armée allemande et la folle perspective du « nach Paris » y réjouit sans doute encore les coeurs...

Pendant ce temps se tient à Pronleroy, à quelque quatre kilomètres à peine des passages bombardés de l’Aronde, une conférence solennelle dans la bibliothèque du vieux château. Le Général Mangin est arrivé seul, sans état-major. Le Général Jacquot, commandant le 35e Corps, s’est mis sous ses ordres et lui a offert le concours de son état-major, de son artillerie, de son aviation, de tout son dispositif de bataille. Sur le grand billard qui tient le milieu de la pièce est étalé le plan direc- , teur au 1/20.000e du secteur du 35e Corps : quatre gros traits ont été tracés au fusain, poussant droit à l’est quatre flèches impressionnantes qui partent respectivement de Coivrel, de Montgerain, de Saint-Martin-aux-Bois, de Montiers, les quatre points de rassemblement des 129e, 152e, 165e, 48e Divisions. C’est clair et terriblement suggestif : ces quatre flèches, qui pénètrent au flanc de la poche ennemie dessinée en direction de Compiègne, ce sont les axes de marche des quatre Divisions. Dans le silence qui précède la conférence, chacun réfléchit à l’inexorable simplicité du plan. Sur ce ton toujours affable et cependant si autoritaire qui caractérise sa diction, d’une voix qui entre dans les volontés, qui impose le désir d’agir et qui d’ailleurs élimine d’avance toute réplique, le Général Mangin dit son mandat et les moyens qu’il envisage pour le mener à bien. Il lit l’ordre, bref et impératif, que vient de lui remettre à No ailles le Général Fayolle :

La mission du Général Mangin est de contre-attaquer en flanc l’ennemi qui progresse dans la direction de Gournay-sur-Aronde...