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LA REVUE DE PARIS

il ne parle plus que femmes et fleurs et poésies adressées et reçues çt du beau temps d’automne à Pékin, et de la nouvelle amitié que lui témoigne le Régent, depuis l’acceptation de la concubine !

Voilà qui le justifie de toutes les accusations Jarignoux du monde : ce jeune homme trop sage possède, en ce moment où j’écris, deux femmes officielles dans ses bras ! Et quelles deux femmes ! C’est pourtant moi qui dois le ramener au sentiment de la juste convenance, lui reparler de ses devoirs professionnels, de ses craintes, de son testament d’il y a huit jours, de ses entreprises, de ses puits.

Il répond avec un mystère que je sens déjà percé à jour, au grand jour.

— Oh ! ce n’est plus à Ts’ien-men-waï : les voilà maintenant dans le palais.

C’est en effet beaucoup plus sérieux. Il ajoute :

— Vous ne vous êtes jamais demandé, pourquoi Pei-king se nommait Pei-king ?

— Jamais.

— Pei-king, « capitale du Nord » ! Ça n’est pas le nom officiel. La préfecture « administrative » s’appelle toujours sur les papiers : Chouen-tô fou.

— C’est exact.

— Quand les gens des Provinces parlent de se rendre à « Pei-king », qu’est-ce qu’ils disent ?

— C’est vrai. Ils disent seulement qu’ils vont à la capitale. Ils n’ajoutent jamais qu’il s’agit de la « capitale du Nord ».

— Alors, d’où vient le nom de Pei-king ? Où est-il écrit ?

— Je n’en sais rien. Pour la première fois, depuis plus d’une année, je me demande si le nom de la ville que j’habite plus et mieux que nul de ses habitants, que j’essaie de posséder, de dominer autant et plus que l’Empereur lui-même, si cette ville et son nom détiennent une existence solide, foncière,, autre que légendaire et historique. : Iî me rassure :

— Les deux caractères « Pei-king » sont inscrits, quelque part, dans la ville ?

— Où donc ?