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ouverte sur la poitrine, les muscles de son cou saillaient durs et maigres, une tache noire s’étalait au creux de sa gorge, et son visage était calme, creusé comme celui d’un mort.

Le capitaine Mac Whirr s’essuya les yeux. La lame qui avait failli l’emporter par-dessus bord avait, à son grand ennui, arraché son suroît de sa tête chauve ; ses cheveux blonds soyeux, assombris par l’eau et plaqués, pendaient en frange autour de son crâne nu, semblables à de misérables écheveaux de coton sale. Avec son visage lavé, empourpré par le vent et les morsures des embruns, il avait l’air de sortir en sueur d’une fournaise.

— Ah ! vous voilà ? grommela-t-il lourdement.

Le lieutenant était arrivé à se glisser dans la timonerie quelques instants auparavant. Il s’était installé dans un coin, les genoux relevés, les poings aux tempes ; cette attitude respirait la rage, le chagrin, la résignation, l’abattement et une espèce de rancune concentrée.

Il répondit lugubre et défiant :

— C’est bien mon tour de quart en bas, maintenant, hein ?

Le servo-moteur cliqueta, stoppa, cliqueta de nouveau ; les yeux de l’homme de barre se projetaient hors de son visage vers la rose des vents de l’habitacle, comme deux oiseaux de proie affamés s’abattant sur un morceau de viande. Dieu sait depuis combien de temps il avait été laissé là, à la barre, oublié de tous ses camarades.

Aucune heure n’avait été piquée ; il n’y avait pas eu de relève ; le vent avait balayé règle, coutume, emploi du temps, mais lui, il essayait tout de même de garder cap au nord-est. Le gouvernail pouvait bien être enlevé, les feux pouvaient bien être éteints, les machines brisées et le navire prêt à rouler sur le flanc, sur le dos, comme un cadavre, il ne savait plus rien. Son unique souci était de conserver sa jugeote, et la direction – souci mêlé d’angoisse, car la rose de compas, se trémoussant sur son pivot et bringuebalant de droite et de gauche, parfois semblait décrire un tour complet. Sa contention d’esprit devenait douloureuse ; et il avait une peur horrible que toute la timonerie ne fût emportée. Des montagnes d’eau ne cessaient de s’écrouler sur elle. Quand le navire faisait un