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ça, il n’y a moyen de lui faire rien comprendre. Il m’estomaque positivement.

À ce moment, le capitaine Mac Whirr, revenant de terre, traversa le pont, parapluie en main, escorté par un Chinois lugubre et flegmatique qui marchait par-derrière dans des souliers de soie à semelles de papier et qui portait lui aussi un parapluie.

Le capitaine du Nan-Shan parlant à peine distinctement, et, comme d’habitude, contemplant la pointe de ses bottes, observa qu’il serait nécessaire cette fois-ci de faire escale à Fou-Tchéou, et qu’il désirait que M. Rout mît sous pression pour demain après-midi à une heure précise. Il repoussa son chapeau en arrière pour s’éponger le front tout en remarquant que « de toute façon il avait horreur d’aller à terre », tandis que, le dépassant de la tête, sans daigner répondre un mot, M. Rout fumait avec austérité, tout en caressant son coude droit de la main gauche. Puis, de cette même voix basse, Jukes reçut l’ordre de débarrasser l’entrepont d’avant. On allait installer là deux cents coolies que la compagnie Bun-Hin rapatriait. Un sampan allait tantôt apporter vingt-cinq sacs de riz pour servir à leur nourriture.

— Ce sont tous des engagés de sept ans, dit le capitaine Mac Whirr, et ils ont chacun un coffre en bois de camphrier.

Le charpentier devait immédiatement commencer à clouer des lattes de trois pouces le long de l’entrepont, de l’avant à l’arrière, afin d’empêcher ces coffres de chahuter quand il y aurait de la mer. Jukes ferait mieux de s’en occuper tout de suite :

— Vous entendez, Jukes ?

Quant à ce Chinois-ci, il accompagnait le navire jusqu’à Fou-Tchéou où il pourrait servir d’interprète ; c’était le commis de Bun-Hin qui désirait se rendre compte de l’espace disponible. Jukes aurait à le conduire à l’avant.

— Vous entendez, Jukes ?

Jukes prit soin de ponctuer ces instructions de l’obligatoire : « Oui, capitaine » proféré sans enthousiasme aux endroits voulus. Un brusque :

« Amène-toi, John. Tâche à regarder voir », mit le Chinois en mouvement derrière ses talons.