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des champs ; il examinait avec une vive attention la vie des animaux, depuis la fourmi jusqu’au cheval, son plus fidèle ami à quatre pieds[1]. »

La guerre franco-allemande survint. Affecté à l’état-major du IIIe corps (Général Constantin d’Alvensleben II), Kretschman prit part à toutes les opérations de la IIe armée.

Sa première lettre est datée du 24 juillet 1870, du jour même où l’état-major du IIIe corps quitte Berlin ; pendant dix mois, la série de ses lettres va se continuer ininterrompue. Ce n’est pas la manière dont les événements de guerre sont présentés et commentés qui constitue l’intérêt primordial de cette correspondance : c’est surtout les appréciations personnelles sur les hommes et sur les choses.

À l’état-major du IIIe corps, Kretschman a dans ses attributions la préparation des dispositifs de marche et de combat, l’organisation militaire, les nouvelles politiques. Il insiste à plusieurs reprises sur le surcroît de travail et sur la somme de fatigues qu’impose à l’officier d’état-major la période des mouvements de concentration. « Notre existence actuelle, écrit-il, est très agréable ; seulement, on n’a pas beaucoup de repos. Comme les ordres n’arrivent du haut commandement que dans la nuit, c’est la nuit seulement que nous pouvons travailler et expédier les ordres ; résultat, on se couche à trois heures pour se lever à cinq. J’apprendrai à dormir le jour ; j’y arriverai, tu penses bien. » Au cours de cette période de concentration, l’enthousiasme des populations et des troupes allemandes est extraordinaire :

Le dévouement des habitants est vraiment admirable. Leur bonne volonté, mise à contribution sans interruption depuis huit jours, est toujours la même… À mon avis, de telles dispositions, qui les animent tous au même point, sont les symptômes d’un sentiment national, dont l’expression se retrouve dans l’enthousiasme des troupes ; celles-ci brûlent du désir de se mesurer avec les troupes françaises. Il n’est pas possible que ce pays, ou plutôt que ce gou-

  1. Introduction, p. XXXVIII.