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CHEZ


LES HEUREUX DU MONDE[1]

XXIII


L’automne touchait à l’hiver. Une fois de plus, le monde des oisifs passait de la campagne à la ville, et la Cinquième Avenue, encore déserte vers la fin de la semaine, montrait du lundi au vendredi un flot de voitures de plus en plus large entre les façades des maisons rendues peu à peu à la vie.

Le Concours hippique, une quinzaine plus tôt, avait produit un passager semblant d’animation, remplissant les théâtres et les restaurants de spécimens humains aussi coûteux et aussi piaffants que ceux qui journellement faisaient le tour de la piste. Dans le monde de miss Bart, le Concours hippique, et le public qu’il attirait, avaient fini par être rangés ostensiblement parmi les spectacles dédaignés des élus ; mais, de même que le seigneur féodal sort parfois de chez lui pour se mêler à la danse sur la prairie de son village, de même la société, officieusement et incidemment, condescendait encore à venir jeter un coup d’œil sur la scène. Mrs. Gormer, entre autres, ne pouvait perdre une telle occasion de s’exhiber et d’exhiber ses

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    Voir la Revue des 15 novembre, 1er , 15 décembre 1907, 1er , 15 janvier et 1er  février 1908.