Page:Revue de Paris - 1908 - tome 1.djvu/643

Cette page a été validée par deux contributeurs.

complice éventuel ne présumait-il pas tout naturellement, qu’elle pouvait ne pas avoir confiance en lui, qu’elle tenterait peut-être de le frustrer de sa part du butin ? Ce coup d’œil jeté sur les arrière-pensées de Rosedale lui découvrait toute la transaction sous un jour nouveau : elle vit que la bassesse essentielle de l’acte résidait dans le fait qu’on ne courait aucun risque.

Elle recula, avec un geste rapide de refus, en disant, d’une voix qui la surprit elle-même :

— Vous vous trompez… vous vous trompez absolument… et sur les faits et dans les déductions que vous en tirez.

Rosedale la regarda, un moment, ahuri par cet écart subit dans une direction si différente de celle où elle avait paru se laisser guider par lui.

— Que diable voulez-vous dire, à présent ? Je croyais que nous nous comprenions, nous deux ! — s’écria-t-il.

Elle murmura :

— Ah ! oui, nous nous comprenons, à présent !

Il repartit, avec un soudain éclat de violence :

— Alors, c’est parce que les lettres lui sont adressées, à lui, je suppose ?… Eh bien, le diable m’emporte si je vois les remerciements que vous avez reçus de lui !

EDITH WHARTON
Traduit de l’anglais par charles du bos

(À suivre.)