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LE LIVRE DES MORTS

Au temps des Pyramides (4 000 ans avant J.-C), les Pharaons de Memphis possédaient déjà toute une philosophie de l’au-delà ; mais seuls les gens de leur famille ou leurs fidèles étaient admis au partage de l’immortalité ; il fallait être « ami du roi » pour jouir d’un tombeau consacré par les rites qui assuraient la vie future[1]. Quelques siècles après, les doctrines rédemptrices passent du cercle étroit de la Cour à toute la société égyptienne : les textes funéraires, dont les rois de la VIe dynastie (3 000 ans avant J.-C.) se réservaient jadis l’usage exclusif, se divulguent, se transcrivent dans les tombeaux et sur les cercueils des simples particuliers.

La conquête entrevue des paradis suscita dans les âmes des inquiétudes nouvelles ; dangereux était l’honneur de s’identifier au dieu de la mort et de la vie, à Osiris, pour gagner à son exemple une vie divine. Le mort osirien assumait la gloire et les périls de l’Être-Bon : il était en butte aux attaques de tous les ennemis d’Osiris et aux ruses des mauvais. Pour l’en défendre, il fallut cuirasser son corps et doter son âme d’armes magiques : de là ces milliers de cadavres transformés en momies et ces innombrables recueils sur papyrus, appelés Livres des Morts, que nous retrouvons dans les nécropoles égyptiennes.

Quand le cadavre d’un Égyptien était descendu au caveau

  1. Voir à ce sujet Autour des Pyramides, dans la Revue de Paris du 15 septembre 1907.