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République. Ils s’étaient emparés des ateliers nationaux : arracher les ouvriers à leurs travaux, les attirer dans cette impasse d’où ils ne pourraient sortir ; effrayer les patrons, intimer à quelques-uns l’ordre de fermer leurs ateliers, tel fut le but constant de leur politique.

Aidés par cette vaste société dont nous avons vu le caractère et qui avait jeté en France plus de 400 agents, ils étaient arrivés à recruter les désespérés et les énergumènes de toutes les classes, masse peu nombreuse, mais qui devait peser avec efficacité sur les travailleurs honnêtes et enrôlés de force pour l’insurrection. Tous ces faits sont confirmés par les dépositions sans nombre recueillies sur les journées de Juin, et dont nous citerons ici celles qui se rapportent à des faits plus précis et plus significatifs.

Déposition Carliès (directeur de la Police) :

Chaque corps d’état des Ateliers nationaux est représenté par un comité : les comités font sortir les ouvriers de leurs ateliers et les envoient aux Ateliers nationaux.

Cette déposition a cela de remarquable que les mêmes assertions, avec plus de détails, se retrouvent dans un rapport du 4 juin. Elles n’étaient pas forgées après coup :

Il existe une coalition formée par les délégués du Luxembourg à l’effet d’empêcher les ouvriers de travailler de leur état (Suivent les noms). Chaque corps d’état a son comité particulier qui dirige l’oppression sur les Ateliers. Les chapeliers qui sont les mieux organisés, et dont la caisse contient plus de 6000 francs, ont pour membres du comité…

Les différents comités ont obtenu par intimidation la cessation des travaux dans les ateliers des fabricants.

Un renseignement qui arrive à l’instant donne pour certain que le nombre des ouvriers boulangers qui arrivent dans la capitale augmente d’une façon effrayante, (4 juin).

Rapport du préfet de Police (5 mai) :

Les ouvriers chapeliers sont en grève. (La moyenne du salaire de cette profession est de 7 et 8 francs.)

Les délégués du Luxembourg ont intimé l’ordre aux trois fabricants, dont les noms suivent, de suspendre leur travail.

Et maintenant veut-on savoir comment se faisait l’enrôle-