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LA REVUE DE PARIS

triple résolution. Le gouvernement refusa de suspendre les engagements du commerce vis-à-vis de cette caisse de la nation ; il établit le cours forcé des billets de banque et l’affranchit de la nécessité de rembourser en numéraire son papier-monnaie. Son crédit fut ainsi relevé ; elle put avancer 230 millions à l’État.

Quoi qu’il en soit de toutes ces mesures, il est permis de les critiquer, il n’est pas permis d’en méconnaître l’effet. Le gouvernement avait trouvé en 1847 un budget mangé d’avance, et qui avouait 230 millions de déficit. Le budget rectifié proposé aux Chambres en 1848, alors que les membres du Gouvernement provisoire rendaient compte au pays de cette France dont ils avaient été constitués les dépositaires nécessaires, ce budget présentait un excédent de 11 millions.

En 1847, M. Duvergier de Hauranne s’écriait : « Nous n’avons plus de finances ! » Le 7 mai 18488, M. Garnier-Pagès pouvait dire : « La République a sauvé la France de la banqueroute ! » La gêne douloureuse de l’État, déplorable héritage de la Monarchie, fut donc pour beaucoup dans les difficultés sans nombre qui surgirent au lendemain de sa chute. Seule, elle n’eût point suffi à entraîner la ruine de la République. En présence des résultats obtenus, il faut dire que ce ne fut point là l’obstacle sur lequel elle trébucha et qui devait la faire tomber, chancelante et découragée, dans les bras de l’Empire.

Quant aux reproches qu’on adresse aujourd’hui à cette administration, le plus précis que l’on puisse démêler parmi tant d’accusations vagues et de griefs indéfinis, c’est d’avoir cru, comme le disait un homme illustre dans l’enquête Quentin-Bauchard, « qu’il fallait administrer comme en temps ordinaire ».

En temps ordinaire le devoir d’un gouvernement honnête est d’administrer honnêtement : nous n’en savons pas d’autre. En temps de révolution en est-il autrement ? Nous ne le pensons pas. S’il y a des mesures plus décisives à prendre, il faut qu’elles ne violent pas la justice. Dans cette voie, en surélevant les impôts le gouvernement marcha sans faiblesse. Ce que le parti violent lui reprochait alors, c’était de s’être arrêté aux bornes du droit et du juste, de n’avoir pas exhumé des ruines de la Commune un Comité de Salut public qui décapitât une partie