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CE QUI TUE
LES RÉPUBLIQUES



Waldeck-Rousseau n’avait pas vingt-trois ans lorsqu’il écrivit, en avril 1869, les pages qu’on va lire. À ce moment, ses études de droit achevées depuis quelques mois, il hésitait sur le choix d’une carrière. Par condescendance pour ses parents, il s’était fait à tout hasard inscrire comme avocat stagiaire au barreau de Paris, mais en réservant sa décision pour l’avenir. La magistrature lui était fermée : le respect des opinions de son père, républicain indéfectible, ses convictions et ses sentiments personnels lui défendaient de prêter le serment de fidélité à l’Empire. La profession d’avocat effrayait sa timidité naturelle ; il se sentait fortement troublé à l’idée de parler en public. Écrire le séduisait davantage. De bonne heure, poésie, littérature, histoire, les travaux de l’esprit l’avaient passionné. Il s’exerçait à des essais divers quand, à la veille des élections législatives du 24 mai 1869, les événements, en dirigeant son attention vers les questions politiques, lui mirent plus d’une fois la plume en main : c’est alors qu’il écrivit Ce qui tue les Républiques.

C’est une apologie raisonnée de la Révolution de Février, en réponse au pamphlet de Vermorel sur les « Hommes de 1848 ». Elle n’a jamais été publiée. Nous la donnons ici littéralement conforme au manuscrit. Comme on le verra, ce n’est pas une ébauche, c’est un tout parfaitement achevé. Toutefois Waldeck-Rousseau forma le projet de la compléter par un examen critique de l’esprit républicain en France. Déçu par les résultats des élections du 24 mai, il s’appliqua à rechercher si le peuple était, plus qu’avant