— Oh ! vous avez été généreuse, tante Julia ; je n’oublierai jamais votre bonté. Mais peut-être ne vous rendez-vous pas tout à fait compte des dépenses auxquelles une jeune fille est exposée aujourd’hui…
— Je ne vois pas quelles peuvent être vos dépenses, sinon votre toilette et vos billets de chemin de fer. Je tiens à ce que vous soyez bien habillée ; mais j’ai payé votre note chez Céleste en octobre dernier.
Lily hésita : l’inexorable mémoire de sa tante ne l’avait jamais autant gênée.
— Vous avez été aussi bonne que possible ; mais j’ai été obligée d’acheter quelques petites choses, depuis…
— Quel genre de choses ? des robes ? — Combien avez-vous dépensé ?… Montrez-moi la note… J’ai idée que cette femme vous vole.
— Oh ! non, je ne crois pas : les robes sont devenues si effroyablement chères !… et on a besoin de tant de choses différentes, avec les visites à la campagne, le golf, le patinage, etc., etc.
— Montrez-moi la note, — répéta Mrs. Peniston.
Lily hésita de nouveau. D’abord, madame Céleste ne lui avait pas encore envoyé son compte ; ensuite, le montant ne représentait qu’une fraction de la somme dont Lily avait besoin.
— Elle ne m’a pas encore envoyé sa note pour mes toilettes d’hiver, mais je sais qu’elle est élevée… Et il y a aussi une ou deux autres choses… J’ai été négligente et imprudente… Je frémis à l’idée de ce que je dois…
Elle leva son beau visage troublé sur Mrs. Peniston, dans le vain espoir qu’un spectacle si émouvant pour l’autre sexe pût ne pas demeurer sans effet sur le sien. Mais le seul résultat fut que Mrs. Peniston recula craintivement.
— Vraiment, Lily, vous êtes d’âge à savoir conduire vos propres affaires, et, après m’avoir mortellement effrayée par votre aventure d’hier soir, vous auriez pu au moins choisir mieux votre moment pour m’ennuyer de ces histoires.
Mrs. Peniston regarda la pendule, et avala une tablette de digitale.
— Si vous devez encore un millier de dollars à Céleste, vous