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LA REVUE DE PARIS

le corps de débarquement pour réduire les Chaouïa et sur la manière dont les opérations auraient pu être conduites.

J’ai déjà dit que le détachement du train n’était pas suffisant et qu’il eût fallu le compléter, de manière à pouvoir transporter, à la suite des troupes, des vivres pour six jours au moins. Il en est de même de la cavalerie qui ne compte que 200 sabres, alors que l’infanterie est forte de 4 800 hommes. Cette disproportion est incompréhensible, surtout en présence d’un adversaire dont on a vanté sur tous les tons l’extrême mobilité : en portant le nombre des escadrons de deux à huit ou dix, on eût suffisamment rétabli l’équilibre. Pendant les quelques jours d’attente, avant l’arrivée de ces renforts indispensables, mais suffisants, on aurait occupé l’ennemi par de petites sorties, entreprises avec peu de monde, de manière à ne pas l’alarmer et à l’engager à laisser ses camps sur l’emplacement où ils se trouvaient.

Le corps de débarquement ayant complété son effectif et prêt à entrer en campagne, le commandement devait d’abord choisir l’objectif dont l’occupation pouvait provoquer chez les Chaouïa le plus de découragement. Le but le plus favorable est le village de Settat, à 60 kilomètres de Casablanca. C’est l’agglomération la plus importante de tout le pays. Située dans une position stratégique importante, elle est le véritable nœud des communications entre les diverses tribus chaouïa et Merrâkech. Sur la route directe qui y conduit, à moitié chemin environ, on rencontre la petite bourgade de Dar-Ber-Rechid où les caravanes ont également l’habitude de faire halte et de s’approvisionner ; une colonne volante, suffisamment allégée, peut atteindre le premier de ces points en un jour de marche et le second en deux.

Lorsque l’éventualité d’un mouvement vers l’intérieur a été envisagée, on a proposé de débarquer une partie des forces à Mazagan et de mettre en route deux colonnes simultanément de ce point et de Casablanca. Ce projet, destiné à déconcerter l’ennemi et à diviser ses forces, paraît d’une application difficile ; elle aurait eu le désavantage d’indisposer les tribus voisines de Mazagan qui n’appartiennent pas à la confédération des Chaouïa et qu’on aurait risqué de mêler à la lutte. En outre, la marche des colonnes, partant de points aussi éloignés, eût