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LES OPÉRATIONS AUTOUR DE CASABLANCA

rapidement le forage, d’autant plus que presque partout on découvre l’eau à très petite profondeur.

Pluies. — Les pluies continues ne commencent guère qu’en novembre. Il n’y a eu de fortes averses que le 26 septembre et le 17 octobre. Elles n’auraient retardé les opérations que d’un jour au maximum, car, à cette époque de l’année, le soleil est assez fort pour sécher, après quelques heures, la boue sur les pistes et même dans la campagne. C’est le surlendemain de la seconde journée de pluies qu’a eu lieu la reconnaissance du colonel du Frétay, au cours de laquelle l’artillerie de campagne est parvenue sans difficulté jusqu’à Taddert. On disposait donc pour les opérations actives d’au moins un mois et demi après la conclusion de la deuxième phase des opérations.

Terrain. — Le terrain est partout praticable, même pour l’artillerie qui a pu circuler constamment à travers les champs. Il n’y a guère qu’une montée difficile en avant de Settat ; elle est fort raide, mais la différence de niveau ne dépasse pas 100 mètres ; un détachement du génie eût pu pratiquer en quelques heures une rampe pour les pièces et les caissons.

Ainsi tous les arguments, qu’on a pu invoquer pour ne pas bouger de Casablanca, ne reposent sur aucun fondement sérieux. Il y a quelques années, une mehalla, commandée par le Sultan Moulaye Hassan, a traversé victorieusement tout le pays chaouïa pour procéder au recouvrement des impôts. Un de nos compatriotes, le docteur Weisgerber, accompagnait cette expédition qui, d’après ses estimations, comptait 15 000 individus dont à peine la moitié de combattants. Si l’on considère l’énorme quantité de bagages de toute espèce qu’une pareille troupe traîne à sa suite, on en conclura que 5 000 soldats d’Algérie peuvent surmonter les mêmes obstacles matériels. Il n’est pas non plus exagéré d’affirmer que nos hommes seraient venus à bout d’un ennemi dont a triomphé un ramassis de loqueteux, sans discipline, mal armés et à peine nourris, que la seule perspective du pillage pouvait déterminer à combattre.

Voici quelques impressions sur l’objectif qu’aurait dû choisir