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LES OPÉRATIONS AUTOUR DE CASABLANCA

corps de débarquement eût obtenu la soumission complète de la Chaouïa, sans courir de plus grands risques : les faibles détachements du Sud-Oranais ont eu affaire a un adversaire autrement rapide et belliqueux que ne l’ont jamais été les Marocains de la côte de l’Atlantique.

Une colonne mobile, marchant de Casablanca sur Dar-Ber-Rechid et Settal, n’eût pas trouvé devant elle un ennemi assez nombreux et assez bien ravitaillé en munitions pour que l’issue de l’opération pût être un instant douteuse. La situation politique se présentait favorablement, car on pouvait être certain que les peuplades de l’intérieur, au-delà des frontières des Chaouïa, n’eussent pas fait cause commune avec eux. Au nord-est, dans les environs de Rabat, habitent les Arab et les Zaër ; au sud-est, du côté de l’Atlas, les Tadla ; les Rehamna et les Doukkala, au sud-ouest, occupent lepays situé entre Merrâkech et Mazagan. Ces deux derniers groupes portaient alors toute leur attention sur les menées de Moulaye Hafid, qui entretenait des négociations avec tous les caïds du sud. De même les Zaér et les Arab attendaient l’arrivée du Sultan, dont le départ de Fez pour Rabat était imminent. Les uns et les autres se sentaient sous la menace constante d’expéditions envoyées chez eux par les frères rivaux, ils ne se seraient assurément pas souciés de diminuer leurs propres forces en s’engageant dans une guerre contre les Français, de laquelle il n’y avait aucun profit à tirer. Quant aux Tadla, qui ont toujours fait preuve des meilleures dispositions à notre égard, ils n’ont pas cessé de correspondre avec notre consul et ont même offert plusieurs fois de s’entremettre pour faire cesser la résistance des Chaouïa. Nous étions donc assurés sinon de l’appui, du moins de la neutralité de toutes ces tribus ; les seuls Chaouïa restaient en notre présence.

Toutes les informations recueillies au sujet du nombre de leurs guerriers concordent : tous les contingents, qui pouvaient être mis sur pied par les douze tribus, ont donné contre nos troupes pendant les deux premières phases des opérations ; ils n’ont pu entamer aucune de nos colonnes de sortie, alors que l’effectif en infanterie de la plus importante d’entre elles (3 septembre) n’a pas dépassé huit compagnies et que nous disposions deux jours plus tard de six bataillons ; on se rend compte