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LA REVUE DE PARIS

offensives à trop courte distance, qui ne pouvaient, par leur nature même, qu’aboutir à des résultats partiels et insuffisants.

Cette troisième période comporte l’attaque des camps ennemis dans un rayon d’une demi-journée de marche de Casablanca ; ce furent les combats de Taddert (11 septembre) et de Sidi-Brahim-el-Kadmiri (21 septembre). Au cours de ces deux engagements, l’objectif des colonnes était nettement déterminé et, le commandement ne se laissant plus hypnotiser par ses communications avec Casablanca, on manœuvra pour la première fois ; comme l’ennemi se trouva directement menacé, il n’opposa qu’une résistance presque nulle. Néanmoins un nouvel abus de précautions inutiles alourdit encore notre marche et nous empêcha de retirer de ces opérations tout le fruit qu’il était possible d’en recueillir. Malgré la proximité de Taddert, malgré la marche de nuit parfaitement exécutée qui réduisit pratiquement la distance de Sidi-Brahim, malgré un brouillard propice, qui, dans les deux cas, eût pu être mis à profit pour masquer les progrès de nos colonnes, on ne réussit pas à surprendre suffisamment les Marocains pour s’emparer de leurs approvisionnements ; on ne trouva que des tentes vides.

Quelque faibles qu’eussent été les résultats de ces deux affaires, elles permirent cependant d’amener à composition toutes les tribus dont le territoire avait été atteint ou simplement menacé, tandis que les autres se retirèrent dans l’arrière-pays. Il en résulta qu’une zone de terrain complètement vide se créa entre les deux partis : ni l’un ni l’autre n’ont entrepris de la franchir pour recommencer la lutte[1].

La retraite rapide de l’ennemi, dès qu’on s’était porté franchement sur ses camps, et l’empressement que les tribus côtières montrèrent à se soumettre immédiatement après, condamnent

  1. Les Marocains, qui attaquèrent la reconnaissance du lieutenant-colonel Halna du Frétay, le 19 octobre, n’étaient pas des Chaouïa ; ils appartenaient aux troupes de Moulaï Rachid.