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LES OPÉRATIONS AUTOUR DE CASABLANCA

sud de Casablanca, à environ 1 500 mètres du camp : du haut de cette crête, l’ennemi entretenait un feu presque ininterrompu sur les tentes, des balles perdues passant même au-dessus des maisons de la ville. La facilité avec laquelle l’opération s’exécuta permet d’affirmer qu’on eût pu y procéder plus tôt et ne pas laisser pendant quinze jours nos troupes en butte au tir continuel de l’ennemi.

Pendant ces premières affaires, le commandement et la troupe eurent l’occasion de se familiariser avec l’adversaire et avec sa manière de combattre. La tactique des Marocains n’a jamais varié. Plusieurs rassemblements, de quelques centaines d’hommes chacun, prennent position hors de portée de l’artillerie, sur différents points, à grands intervalles les uns des autres. De ces masses, se détachent des groupes de cavaliers et de fantassins d’assez faible effectif, qui se rapprochent, de crête en crête, à la faveur des ondulations du sol, jusqu’à une distance variant de 500 à 1 200 mètres ; ils engagent alors l’action, les uns à pied, en lignes de tirailleurs séparés par plusieurs pas, les autres galopant parallèlement au front de nos troupes et lâchant leur coup de fusil, puis se retirant pour recharger et revenir au combat. On pouvait donc constater, dès le début, qu’il serait fort difficile d’obliger l’ennemi à se montrer en formation compacte.

Sur la crête qui borne l’horizon au sud de Casablanca et que j’appellerai, pour la commodité de l’exposition, la crête de surveillance, la constitution d’un détachement fixe de surveillance va mettre fin à un état de choses gênant ; elle donnera au commandement la liberté d’action et même d’esprit qui lui permettra d’opérer à plus grande distance et d’éclaircir définitivement la situation pour ses entreprises futures. Ici commence la seconde phase des opérations, celle dite des reconnaissances, qui sera marquée par les engagements du 28 août, des 1er  et 3 septembre. J’insisterai plus particulièrement sur cette période et notamment sur le dernier combat, non seulement parce qu’il a été le plus acharné, mais encore parce qu’il marque en quelque sorte le point culminant de la lutte et que son issue déterminera la conduite ultérieure des deux adversaires.