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qu’il doit actuellement chercher loin de son foyer, au prix d’indicibles souffrances, c’est une question d’hygiène commune. Si on veut faire de la Pologne autre chose qu’un foyer contagieux de misères morales et de colères exaspérées, il faut commencer par la rendre aux Polonais.

Dans quelles limites ? Pologne, provinces polonaises : ce sont encore des termes d’un vague inquiétant. Les frontières des dix gouvernements faisant partie de ce « Royaume de Pologne », que le traité de Vienne a introduit dans l’histoire, ont un tracé artificiel, et elles ne sauraient être regardées comme contenant, même sous la domination russe, tous les éléments d’une reconstitution nationale. Un siècle de durée leur a donné cependant une certaine consistance et développé dans leur cadre les éléments, tout au moins, d’une communauté historique. Il est donc prudent de tenir compte de cet état de fait, en ménageant la part des intérêts congénères, en dehors de cette région, au moyen d’autres modalités du régime libérateur et pacificateur. En prenant le parti de constituer, à la Douma, deux groupes distincts, nullement exclusifs d’ailleurs d’une solidarité affirmée par l’accord même qui a présidé à leur décision, les députés du Royaume de Pologne et ceux des autres provinces polonaises ont eux-mêmes adhéré à cet expédient.


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On doit se borner ici à ces indications sommaires. Le minimum des concessions indispensables, auquel les réalistes se sont arrêtés, n’est lui-même pas irréductible. S’en écarter sensiblement serait cependant, de part et d’autre, également téméraire, comme s’y résoudre serait faire œuvre de haute raison. Si, abdiquant des préjugés invétérés, les Russes consentent à accorder à peu près autant, et si, pour faire agréer cette libéralité, ils s’adressent au concours des Polonais fermement résolus à ne pas demander davantage et même à se contenter d’un peu moins, — on a chance d’en trouver même parmi les députés de la Douma — ce n’est pas seulement le problème polonais qui aura été rapproché d’une solution satisfaisante.

En dépit des obstacles opposés à leur libre développement,