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les batteries de cette position L-M pouvaient enfiler le col séparant de la colline C les trois pitons E, F, G, et atteindre le versant opposé.

La mise en état de ces lignes de défense de Chiouchanpou avait été prévue par les Russes depuis le début des hostilités et exécutée avec soin par les troupes du génie. Le mont Chiouchan lui-même, malgré son inviolabilité, était couvert d’ouvrages. Toutes les collines A, B, C et le promontoire D étaient sillonnés, légèrement en avant des crêtes, par des éléments de tranchées ; les cols séparant les hauteurs avaient été laissés intacts, mais de chaque côté, des retranchements coudés, en retour de flanc, commandaient les chemins à courte distance. Des coupures et des tunnels perpendiculaires aux ouvrages permettaient de communiquer sans danger avec le versant de Liaoyang. Des défenses accessoires, multiples et puissantes, complétaient ces ouvrages à une distance moyenne de cent mètres en avant des tranchées. Réseaux de fils de fer et de ronces artificielles, trous de loup simples ou avec pieux, disposés en quinconce sur quatre rangs, fougasses à mise de feu électrique, en un mot, tous les types réglementaires avaient été utilisés et donnaient à ces positions un aspect formidable. Néanmoins on pouvait relever de nombreuses imperfections, qui facilitèrent l’offensive japonaise et contribuèrent à son succès.

On avait complètement négligé de recouvrir de mottes gazonnées les parapets : ils se signalaient de loin à la vue par l’opposition des couleurs ; à cinq kilomètres, on apercevait distinctement leurs lignes bistres, coupant le fond sombre du glacis. Une autre erreur non moins grave avait été commise dans la construction des défenses accessoires : le génie a l’habitude de protéger les réseaux de fils de fer contre les coups percutants de l’artillerie par une banquette de terre ; mais il faut veiller à ce que cette banquette présente un plan très incliné du côté de l’ennemi, afin de ne pas lui fournir d’abri. Cette précaution élémentaire n’avait été prise nulle part : c’est par un talus à double revers qu’on avait préservé les abatis et les trous de loup. Enfin, les ouvrages réguliers s’arrêtaient à la route qui sépare les hauteurs C et E ; de mauvaises tranchées, creusées par l’infanterie, garnissaient seules les