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II


Il convient d’abord d’avoir bien présent à l’esprit l’ensemble de cette bataille de Liaoyang.

Liaoyang était le point de concentration, prévu dès le début de la campagne, pour les trois armées japonaises qui devaient opérer en Mandchourie (première, deuxième et quatrième ; la troisième armée opérant sous Port-Arthur). La première armée (général Kouroki) entrait par la Corée au commencement de mai, à la suite du combat du Yalou ; la deuxième armée (général Okou) débarquait dans le Liaotoung au même moment, et, après avoir isolé la garnison de Port-Arthur, se dirigeait à son tour au nord, vers la plaine mandchourienne, le long de la voie ferrée ; le noyau de la quatrième armée (général Nodzou), formé par la 10e division, prenait terre à Takouchan, à peu près au milieu de l’espace qui séparait les deux premières colonnes et commençait immédiatement un mouvement analogue vers le nord. La marche de ces armées se continua lentement, les trois colonnes se maintenant à la même hauteur et resserrant peu à peu leurs intervalles à mesure qu’elles approchaient de leur objectif.

Les forces russes s’étaient retirées devant les Japonais, en essayant de retarder leur marche le plus possible ; elles comptaient, elles aussi, livrer bataille au devant de Liaoyang, où arrivaient journellement les renforts de Sibérie et de Russie. La place avait été mise en état de défense dès le début de la guerre. Deux lignes successives avaient été fortifiées. La première, la plus avancée, s’étendait à cinq kilomètres environ au sud de la ville et utilisait les hauteurs parallèles au cours du Taïtsého, notamment les fortes positions de Chiouchanpou. La seconde, qui comportait une série de retranchements et de redoutes, formait un demi-cercle au sud et à l’ouest de la ville, à un kilomètre environ de l’enceinte chinoise et se prolongeait sur la gauche russe par les collines qui masquent les mines de charbon de Yentaï : on les appela pour cette raison les lignes de Yentaï. Au devant de la première ligne, de forts détachements se maintenaient au contact des avant-gardes