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les théories tactiques et la guerre actuelle

allemands ne demeuraient pas inactifs. De nombreuses publications se suivirent dans les revues militaires ; la plupart manifestaient une prédilection marquée pour l’attaque par le feu. Citons les conclusions que le lieutenant-colonel Lindenau, chef de section au grand état-major prussien, tire de la guerre sud-africaine :


L’attaque n’avance sûrement que si elle est soutenue par un feu incessant et conduite, patiemment, de position de tir en position de tir. Toutes les fois qu’au Transvaal on n’a pas pu trouver de semblables positions, l’attaque en terrain découvert tourna en échec : il fallut créer artificiellement une position de tir avec la bêche, pendant la nuit, ou bien rester immobile en attendant le succès obtenu sur une autre partie du terrain plus favorable… Plus que jamais, l’attaque d’infanterie devra, dans toutes ses phases, prendre un caractère plus individuel. Les assaillants s’avanceront peu à peu, soutenus par des feux provenant de points d’appui bien choisis et d’ailes bien organisées ; ils auront souvent à lutter, immobiles pendant des heures entières, pour obtenir la supériorité du feu.


Le général de Stieler est encore plus affirmatif :


On arrive à se convaincre que, dans le combat, la meilleure manière de se couvrir ne se trouve ni dans le terrain ni dans les formations plus ou moins compliquées. Elle réside dans la conduite du feu. Il faut s’assurer la supériorité du feu, faute de quoi on n’avancera pas plus que les Anglais. C’est la tactique du feu qu’il faut surtout travailler.


Pour compléter l’analyse des théories tactiques avant la guerre russo-japonaise, il faudrait accumuler bien d’autres citations et sortir des limites que nous nous sommes imposées. Nous avons simplement voulu énoncer les diverses doctrines, en montrer les caractères généraux. Voici maintenant les procédés qu’ont employés sur le champ de bataille les Japonais, dans des conditions analogues à celles qu’ont envisagées les tacticiens d’Europe. L’attaque de Chiouchanpou, un des épisodes décisifs de la grande bataille livrée autour de Liaoyang, du 25 août au 4 septembre, nous servira d’exemple.