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l’école nouvelle qui procède par l’enveloppement, et l’école « historique » qui emploie la masse sur un point décisif ; pour la première, le grand moyen d’action est le feu ; pour la seconde, c’est le choc.

Il n’est pas sans intérêt de jeter un coup d’œil sur les théories tactiques des autres grandes armées de l’Europe.

En Autriche, on n’est pas fixé sur les formations que doit prendre l’infanterie dans la zone du feu efficace ; on penche cependant pour l’extension du front et l’emploi de petites colonnes au lieu de lignes ; on a du reste conservé l’attaque en masse compacte et on utilise peu le terrain. En Russie, on ne semble pas disposé aux innovations : la première ligne, avançant par demi-compagnie et par petits bonds rapides, se porte à l’assaut, suivie de réserves en colonnes doubles ouvertes.

En Allemagne, jusqu’aux manœuvres de 1901, on était resté fidèle aux principes de la tactique napoléonienne ; brusquement, une nouvelle méthode, intitulée Burentaktik, fut inaugurée pendant l’année d’instruction 1901-1902. Désireux de contrôler les résultats, l’empereur Guillaume invita aux manœuvres de 1902 des généraux américains qui avaient pris part à la campagne de Cuba, ainsi que lord Roberts et les lieutenants-généraux Ian Hamilton et French, de l’armée anglaise. Après le mouvement d’offensive générale qui termina les opérations, il demanda à l’un de ses hôtes britanniques ce qu’il pensait des formations employées par l’infanterie pour l’attaque. « Je ne puis répondre à Votre Majesté, car nous sommes ici en Europe, repartit le général anglais (qui m’a raconté lui-même cette conversation) ; mais, en Afrique, je n’hésiterais pas à déclarer que la division des Gardes qui a donné l’assaut s’est avancée en ordre beaucoup trop serré. » Là-dessus l’Empereur réunit ses officiers et, dans sa critique, leur adressa de vifs reproches pour ne pas s’être conformés aux instructions qu’ils avaient reçues.

Pendant qu’on étudiait ainsi sur le terrain, les théoriciens