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Dans ce combat, la supériorité numérique n’est plus le facteur décisif. Il réside essentiellement dans les marches d’approche, protégées par des feux combinés d’artillerie et de mousqueterie et soigneusement défilées. Alors, quand la zone des feux rapprochés est atteinte, la valeur individuelle du combattant devient la condition du succès. Il faut toutefois remarquer que, même dans ce cas, une attaque brusquée peut amener un échec. Il ne suffit pas que des troupes nombreuses et braves aient pu s’approcher à courte distance (à moins de deux cents mètres, par exemple) pour qu’elles puissent réussir dans un assaut.

Plus loin, l’auteur ajoute :

C’est par la marche rampante de petites fractions qui progressent jusqu’à quelques mètres de l’adversaire que les Boers arrivent à forcer des positions, jamais avec des attaques de vive force. Mais les actions de flanc sont plus sûres et d’un effet plus prompt… L’infanterie ne peut plus combattre que couchée. Aux courtes distances, elle ne progresse qu’en rampant. Pour remplir ces conditions et lui permettre les bonds rapides d’un abri à l’autre, elle est équipée sans sacs, avec une musette contenant ses vivres, un bonnet de police et quelques objets, puis, attachée sur les reins, une marmite individuelle et, par-dessus, la couverture de campement roulée en cylindre.


L’opinion de l’écrivain peut donc se résumer comme il suit : en principe, pas d’attaques de front ; maintenir un rideau devant la position et chercher à déborder l’ennemi : s’il faut recourir à une attaque de front, l’infanterie en terrain découvert ne devra avancer qu’en rampant.

Dans le courant de la même année, le général Kessler, membre du Conseil supérieur de la guerre, fit paraître un ouvrage intitulé : la Tactique des trois armes, où il expose des idées très voisines de celles que nous venons de voir. Ses conclusions sont les suivantes :


Les dispositifs de combat donnés par le règlement de manœuvres, sont trop vulnérables pour être employés dans les portions de terrain battu visibles pour l’ennemi. Les terrains découverts et dépourvus de toute ondulation sont, en principe, interdits à l’infanterie. Le problème consiste donc, pour l’attaque, à faire progresser les troupes d’infanterie, sous le feu de la défense, dans des conditions telles qu’elles conservent pendant les quatre kilomètres de zone battue qu’elles ont à parcourir, une force morale suffisante pour triompher des dernières résistances de l’ennemi. Le seul moyen pratique est de