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LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE DE M. ROOSEVELT

avait obtenu l’assurance que la Russie n’entendait pas fermer ce marché aux produits américains. Le président Roosevelt, au commencement de 1903, recevait une nouvelle assurance de ces intentions ; mais, désireux de mettre la Russie dans l’impossibilité de se dérober, il concluait avec la Chine, à la fin de cette même année 1903, un traité de commerce qui ouvrait au commerce international les villes de Moukden et d’Antoung, situées en Mandchourie. Il se préparait à envoyer des consuls dans ces villes, et comptait forcer la Russie à les accepter ou à démasquer ses intentions d’occupation définitive, lorsque éclata la guerre russo-japonaise. Alors, il s’efforça avant tout d’empêcher la Chine de participer aux hostilités qui se livreraient sur son territoire. Il prit l’initiative d’une démarche auprès des belligérants, à laquelle ceux-ci firent une réponse favorable : il leur demanda et ils acceptèrent de « respecter la neutralité de la Chine, et, autant qu’il se pourrait, son entité administrative, et de limiter dans la mesure du possible la zone des hostilités ». Malgré les sympathies témoignées par le peuple américain aux Japonais, le Président a maintenu la plus stricte neutralité.

En même temps, avec l’Angleterre, M. Roosevelt réglait, à la pleine satisfaction des États-Unis, la frontière de l’Alaska ; la découverte des mines d’or dans cette région avait failli brouiller les deux voisins.

Il n’a pas négligé non plus les questions sud-américaines. Comme ses prédécesseurs, il s’est attaché à la doctrine de Monroe, « à ce principe fondamental de la politique étrangère de toutes les nations américaines, aussi bien que de la politique des États-Unis ». Il s’est efforcé d’atténuer l’inquiétude qu’avait suscitée chez les républiques latines la révolution de Panama : « Monroe déclarait qu’il ne doit y avoir aucun agrandissement territorial par une puissance non américaine aux dépens d’une puissance américaine sur le sol américain. Encore moins, sa doctrine pourrait-elle permettre quelque agression par une puissance du Nouveau-Monde aux dépens d’une autre ». Il a poussé plus loin le souci d’écarter toute intervention européenne : « Il n’est pas vrai, disait-il dans une lettre pour le second anniversaire de l’indépendance de Cuba, que les États-Unis soient affamés de territoires